« Comment l'eau de mer est devenue salée »

« Comment l'eau de mer est devenue salée »

« Comment l'eau de mer est devenue salée »

Un documentaire de Agence Presse Radio


Il y a fort longtemps, vivaient en Chine deux frères, Wang ! L'aîné était le plus fort et brimait sans cesse son cadet.

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Un documentaire de

Agence Presse Radio


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27 Octobre 2023


Réalisation

Agence Presse Radio


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Agence Presse Radio


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Agence Presse Radio


Production

Agence Presse Radio

Conte extrait de « Il était une fois ».

Il y a fort longtemps, vivaient en Chine deux frères, Wang ! L'aîné était le plus fort et brimait sans cesse son cadet. À la mort de leur père, les choses ne s'arrangèrent pas et la vie devint intenable pour Wang cadet. Wang aîné accapara tout l'héritage du père : la belle maison, le buffet, et tous les biens. Wang cadet n'eut rien du tout et la misère s'installa bientôt dans sa maison.

Un jour, il ne lui resta même plus un seul grain de riz. Il fut donc obligé de se rendre chez son frère aîné pour ne pas mourir de faim. Arrivé sur place, il le salua et lui parla en ces termes : 

"Frère aîné, prête-moi un peu de riz."

 

Mais son aîné, qui était très avare, plus avare qu'un Harpagon, refusa tout net de l'aider. Alors, le cadet est reparti chez lui, bredouille. Ils avaient alors, près de la maison, une eau qui coulait. Et, ne sachant que faire, Wang Frère s'en alla pêcher au bord de la mer jaune. Oui, au bord de la mer jaune. Avez-vous vu une mer jaune ? La chance n'était pas encore de son côté, là encore, car, il ne parvint pas à attraper le plus petit poisson qui pût exister. Il rentrait chez lui, les mains vides, la tête basse, le cœur lourd, quand soudain.

Il aperçut une meule au milieu de la route. Ça pourra toujours servir pensa-t-il, en ramassant la meule. Il la rapporter à la maison.

Dès qu'il s'aperçut, sa femme lui demanda :

"As-tu fait une bonne pêche ? Rapportes-tu beaucoup de poissons ? 

"Non, ma femme, il n'y a pas de poissons. Je t'ai apporté une meule."

"Wang Cadet, tu sais bien que nous n'avons rien à moudre, et il ne reste pas un seul grain à la maison."

Wang Cadet posa la meule par terre, et de dépit, lui donnant un coup de pied. La meule se mit à tourner. À tourner et à moudre, et il en sortait du sel, des quantités de sel. Elle tournait de plus en plus vite, plus vite que la lumière, plus vite que l'éclair, et il en sortait toujours de plus en plus, de plus en plus de sel. Wang Cadet et sa femme étaient contents de cette aubaine. Tandis que la meule tournait, tournait, et le tas de sel grandissait, grandissait. Wang Cadet commença à avoir peur, et se demanda comment il pourrait bien arrêter la meule.  Il pensa, réfléchit, calcula, et ne trouva aucun moyen.

 

Soudain, il eut enfin l'idée de la tourner, et là, elle s'arrêta. À partir de ce jour, chaque fois qu'il manquait quelque chose dans la maison, Wang Cadet poussait la meule du pied, et obtenait du sel, qu'il échangeait avec ses voisins, contre ce qui lui était nécessaire. Il faisait du troc. Il vécut ainsi à l'abri du besoin, lui et sa femme.

Mais le frère aîné apprit bien vite comment son cadet avait trouvé le bonheur, et il fut assailli par l'envie.

Il vint voir son frère et dit :

"Frère cadet, prête-moi ta meule !"

Le frère cadet aurait préféré garder sa trouvaille pour lui, mais il avait un profond respect pour son frère aîné. Et il n'osa pas refuser. Wang aîné était tellement pressé d'emporter la meule que Wang Cadet n'eut pas le temps de lui expliquer comment il fallait faire pour l'arrêter. Lorsqu'il voulut lui parler, ce dernier était déjà parti, emportant l'objet de sa convoitise.

 

Très heureux, le frère aîné rapporta la meule chez lui, et la poussa du pied. La meule s'est mise à tourner et à moudre du sel.  "De rien, quelque chose peut sortir. De quelque chose, rien ne peut sortir." Et elle moulut sans relâche, de plus en plus vite, le tas de sel grandissait sans cesse. Il atteignit bien vite le toit de la maison. Les murs craquèrent. La maison allait s'écrouler. Wang aîné prit peur. Il ne savait pas comment arrêter la meule. Il eut alors l'idée de la faire rouler hors de la maison, qui était sur une colline.

 

La meule dévala la bande, roula jusqu'à la mer, et disparut dans les flots. Depuis ce temps-là, la meule continue à tourner au fond de la mer, et à moudre du sel. Personne n'est allé la retourner. C'est pour cette raison que l'eau de mer est salée. 

Ce conte est extrait du "conte collectif conte d’Asie 3", Delphine baudet, rue des enfants".

Comme quoi, il ne faut pas envier les autres.  Comme quoi, il ne faut pas être ingrat. La jalousie conduit à la perte. Merci, Contes et Légendes d'ici et d'ailleurs, et ce conte est intitulé "Comment l'eau de mer est devenue salée."

Voix : JEK.