L'ancien Premier ministre tchadien et président du parti ‘’Les Transformateurs’’, Succès Masra, a été condamné à vingt ans de prison ferme par la justice de son pays. Il devra également verser un milliard de francs CFA à l'Etat tchadien à titre de dommages et intérêts. Le principal opposant tchadien a été reconnu coupable de diffusion de messages à caractère raciste et xénophobe, d’association de malfaiteurs, de complicité de meurtre, ainsi que d’implication dans les violences intercommunautaires meurtrières survenues en mai 2025 dans la région de Mandakao, au sud-ouest du pays.

De sources concordantes, le procès, tenu le 9 août 2025 à N'Djamena, la capitale tchadienne, s’est déroulé sous haute tension. Succès Masra serait resté calme et digne tout au long de l’audience. Avant de quitter la salle, il a salué ses avocats, échangé quelques accolades, puis s’est adressé à ses proches et militants en leur demandant de ne pas s’inquiéter, assurant qu’ils se retrouveraient bientôt.

L’annonce du verdict a provoqué une vive émotion dans la salle d’audience. Plusieurs avocats de la défense ont exprimé leur indignation. Me Francis Kadjilembaye, coordinateur du collectif de défense de Masra, a dénoncé une décision rendue sur la base d’un « dossier totalement vide » et « sans la moindre preuve », qualifiant la condamnation d’« ignominie » et d’« humiliation ». Selon lui, ce jugement s’inscrit dans une logique d’« instrumentalisation de la justice tchadienne pour régler des comptes politiques », une situation qu’il juge « regrettable pour le pays ». Il a annoncé que le collectif entendait faire appel et porter l’affaire devant toutes les instances nécessaires.

Succès Masra a été escorté hors du tribunal sous haute sécurité. A l’arrière de la salle, 74 autres accusés dans l’affaire Mandakao attendaient leur sort. Parmi eux, 64 ont également été condamnés à vingt ans de prison ferme. Leur collectif de défense a immédiatement annoncé faire appel. Me Prosper Ganodji, leur avocat principal, a exprimé sa consternation face à ce qu’il considère comme un verdict dénué de fondement, dénonçant une situation « honteuse pour le Tchad » et « pour sa justice ».

Texte : Mina Tiéporogadana DEMBELE

Récit : Massi de GANHOUE