Education :  sos lycée moderne de Dabakala : un patrimoine en danger

Education :  sos lycée moderne de Dabakala : un patrimoine en danger

Education :  sos lycée moderne de Dabakala : un patrimoine en danger

Un documentaire de Agence Presse Audio


​​​​​​​Situé au cœur du département de Dabakala dans la région du Hambol au nord-est de la Côte d'Ivoire

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Un documentaire de

Agence Presse Audio


Mise en ligne

25 Avril 2025


Réalisation

Agence Presse Audio


Mise en onde & mix

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Illustration

Agence Presse Audio


Production

Agence Presse Audio

Situé au cœur du département de Dabakala dans la région du Hambol au nord-est de la Côte d'Ivoire, le Lycée Moderne, longtemps considéré comme un pilier de l’éducation dans la région, n’est aujourd’hui que l’ombre de lui-même. Ce qui fut autrefois un établissement de prestige est désormais un lieu de désolation et de profonde négligence.

En franchissant l’enceinte ou plutôt ce qu’il en reste le choc est immédiat. Le portail, délogé et rouillé, traîne à une cinquantaine de mètres de sa position initiale. L’allée d’accès, chaotique, est à peine praticable. À l’entrée, deux chiens errants déambulent, gardiens involontaires d’un lieu oublié.

À l’intérieur, la nature a repris ses droits. Les pelouses entretenues ont laissé place à des herbes sauvages et à des broussailles qui envahissent même les cours de classe. Les bancs brisés s’entassent dans les coins comme témoins muets d’un système éducatif à bout de souffle. Les célèbres arbres « Djakouadjo », autrefois refuges des élèves durant les fortes chaleurs, se meurent, privés d’entretien.

L’établissement ressemble davantage à une décharge qu’à un lieu d’apprentissage. Des déchets jonchent le sol, les caniveaux sont bouchés et servent aujourd’hui de dépotoirs. Les murs, décrépis et fissurés, semblent prêts à s’effondrer. Les salles de classe, quant à elles, sont dans un état lamentable : plafonds éventrés, mobilier inexistant, atmosphère irrespirable.

Les toilettes, totalement insalubres, sont à la limite de l’inhumanité. Rats, cafards et odeurs nauséabondes composent désormais le quotidien des élèves. Face à cela, beaucoup préfèrent aller « en brousse », faute d’alternative décente.

Le foyer polyvalent, autrefois centre de vie culturelle et d’épanouissement des jeunes, est aujourd’hui méconnaissable. En friche totale, il est envahi par la végétation et des nuisibles. Certains élèves parlent même de présence de serpents ou d’animaux sauvages.

Fait troublant, seul le bâtiment administratif semble avoir bénéficié d’une attention particulière : fraîchement repeint, il contraste tristement avec le reste de l’établissement, comme un îlot privilégié au milieu d’un océan de ruine.

Alors, à qui la faute ? Aux élèves ? Aux anciens élèves ? Aux parents ? À l’État ? Aux autorités locales ? Difficile de désigner un seul coupable. Ce qui est certain, c’est que ce lycée n’a pas seulement besoin de rénovations. Il a besoin d’un véritable sursaut collectif.

Le Lycée Moderne de Dabakala est un patrimoine. Un symbole. Il a formé des générations d’élites ivoiriennes. Laisser cet établissement mourir à petit feu, c’est tourner le dos à l’avenir d’une jeunesse déjà fragilisée.

Il est temps d’agir. Non pas demain. Aujourd’hui.

Texte et récit : Silvere BOSSIEI