Dans le paysage politique ivoirien, les jeunes politiciens ressemblent de plus en plus à des spectateurs d’un vieux film, assis dans les coulisses en attendant leur tour. Pendant que le duo mythique Ouattara-Gbagbo se livre à un tango interminable, ces jeunes pousses, armées de leurs slogans accrocheurs et de leurs selfies, espèrent se frayer un chemin dans un système où l’ancien règne en maître.

Il semble que la jeunesse ivoirienne soit condamnée à errer dans les couloirs du pouvoir, attendant un moment de grâce qui n’arrive jamais. Dans les salons feutrés de la politique, on les voit, souvent mal à l’aise, en train de discuter de « nouvelles idées » tout en faisant référence à des stratégies déjà obsolètes. Comme si le véritable changement ne pouvait surgir que d’un coup de baguette magique sur un vieux discours de Gbagbo ou une promesse oubliée de Ouattara.

La nouvelle génération comme, Antoine Assalé Tiemoko de l'ADCI, Kevin Fiéni ou encore Jean Louis Billon "indépendant" font des efforts pour se démarquer. Ils tweetent des messages inspirants sur la réforme et la transparence, mais au final, leur grand ménage se résume souvent à une opération de communication.

Les véritables enjeux restent sous le tapis, pendant que les vieux briscards s’envolent vers de nouveaux horizons, bien ancrés dans leurs privilèges.

Chaque campagne électorale, c’est la même rengaine : les jeunes politiciens promettent de briser les chaînes du passé. Pourtant, lorsque l’heure du choix arrive, beaucoup d’entre eux finissent par choisir la sécurité d’un poste plutôt que le risque d’un réel changement. Le prix de la trahison est élevé, et ils le savent trop bien.

Et puis, que serait la politique ivoirienne sans les interventions des deux anciens Ouattara-Gbagbo après le rappel à Dieu du troisième Henri Konan Bédié le sphinx de Daoukro ?

Chaque réunion est ponctuée de « sages conseils » de la part de ceux qui ont déjà goûté au pouvoir. Les jeunes écoutent, acquiescent et repartent, souvent plus perdus qu’avant, ayant reçu plus de promesses que de véritables directives.

Pour ces jeunes, il est crucial de trouver un équilibre entre la loyauté envers les anciens et la nécessité de revendiquer leur place sur la scène politique. Mais face à une machine bien huilée et des personnalités charismatiques qui occupent la scène politique et règnent sans partage, la tâche s’apparente plus à une mission impossible.

Alors, que nous réserve l’avenir de la politique ivoirienne ? Une relève qui se cherche, hésitante entre l’héritage du passé et un futur incertain. Peut-être qu’un jour, ces jeunes politiciens réaliseront qu’ils n’ont pas besoin de se contenter des couloirs. La scène est vaste et les spectateurs, bien plus nombreux que les acteurs. À eux de jouer leur propre pièce de théâtre politique.

Texte et voix : Silvere BOSSIEI