Le paysage politique ivoirien entre dans une nouvelle phase avec la clôture officielle du dépôt des dossiers de candidature pour l'élection présidentielle de 2025. Après une période d'ouverture s'étalant du 25 juillet au 27 août 2025, la Commission électorale indépendante (CEI) a enregistré un nombre impressionnant de 58 dossiers. 
Cette effervescence marque une étape décisive avant la publication de la liste définitive des candidats, attendue le 10 septembre 2025, et l'ouverture de la campagne électorale en vue du scrutin du 25 octobre 2025.
Le nombre de postulants, bien qu'élevé, masque une réalité plus complexe et une stratification profonde du champ politique. Au-delà de l'arithmétique, c'est l'analyse de la composition de cette liste qui révèle les dynamiques en cours et les défis structurels de la démocratie ivoirienne.
Le parterre électoral est largement dominé par des figures emblématiques qui ont modelé l'histoire contemporaine du pays. Des personnalités telles qu'Alassane Ouattara et Laurent Gbagbo, ainsi que leurs proches collaborateurs Simone Gbagbo et Pascal Affi N'Guessan, dépassent le simple statut de candidats pour devenir de véritables symboles politiques. Leur présence suffit à elle seule à polariser le débat national.
 La candidature de Tidjane Thiam, bien qu'issue d'un parcours distinct, s'inscrit dans cette lignée en tant que chef de file désigné du parti historique de Félix Houphouët-Boigny, ajoutant une dimension supplémentaire à cette élite.
Ce cercle d'influence est complété par un second groupe de personnalités "connues", sans pour autant être des icônes historiques. Jean-Louis Billon, Ahoua Don Mello, Assalé Tiémoko Antoine et Vincent Toh Bi, qui jouissent d'une visibilité médiatique ou d'une expérience ministérielle, incarnent une aspiration à un renouvellement politique. Leur capacité à rivaliser avec le pouvoir des "grands anciens" demeure toutefois une question en suspens.
Enfin, une écrasante majorité des candidatures émane d'individus peu connus, voire anonymes. Ces 50 postulants, par leur démarche, témoignent d'une volonté d'engagement dans le processus démocratique. 
Cependant, leur manque de notoriété et de structure politique soulève des interrogations quant à la sincérité de leur démarche et à leurs chances réelles de peser sur le résultat final.
Cette inégale distribution de la notoriété est accentuée par une sous-représentation flagrante des femmes. Sur les 58 dossiers déposés, seules 7 émanent de candidates. Cette faible proportion se traduit par une écrasante majorité d'hommes, soit 87,93 %, contre seulement 12,07 % de femmes.

Cette disparité met en lumière une tendance historique de la scène politique ivoirienne, où les postes de pouvoir et les candidatures de premier plan demeurent majoritairement l'apanage des hommes, malgré le fait que les femmes constituent près de la moitié de la population (environ 49,8 %).

Texte et récit : Silvère BOSSIEI