Après la Centrafrique en 2016, le Burkina Faso en 2022, le Niger et le Mali en 2023, la France quitte le Tchad, son dernier allié dans le Sahel, suite à une décision prise le 28 novembre 2024 par les autorités tchadiennes.

 Une sortie qui, au-delà de l’apparence diplomatique, illustre un basculement plus profond dans les relations entre Paris et son ancien pré carré africain.

Mahamat Idriss Déby, à l'instar de son père, adopte une posture critique envers la politique française en Afrique, soulevant la question : la crise de confiance entre la France et le Tchad était-elle inévitable, fruit d'un malentendu qui couve depuis des décennies ?

Depuis les indépendances, les relations franco-tchadiennes ont été marquées par une ingérence française et une dépendance du Tchad, avec des critiques sur l'influence de la France, même sous Idriss Déby père.

On écoute un extrait d’Idriss Déby père, lors d’un entretien avec nos confrères de France 24 le 16 février 2014 alors qu’il était de passage à Paris.

Mahamat Idriss Déby, face à une jeunesse critique et un contexte international multipolaire, cherche à redéfinir la relation avec la France. Il reprend le flambeau de son père dans un environnement marqué par l'influence croissante de la Russie et de la Chine en Afrique.

Cet éloignement entre la France et le Tchad pourrait marquer une volonté de diversifier les partenariats, en s’ouvrant davantage à des acteurs non occidentaux.

Ecoutons le ministre tchadien des Affaires étrangères, Abderaman Koulamallah qui s’exprimait à cet effet au terme du séjour de son homologue Français, Jean-Noël Barrot le 27 novembre 2024.

La France et le Tchad semblent aujourd’hui sur des trajectoires divergentes. Mais ce départ marque-t-il la fin d’une ère ou un simple repositionnement ? Il serait réducteur de ne voir dans cette rupture qu’un caprice politique.

Pour le député Français André Chassaigne qui s’exprimait devant les parlements français en 2023, Il s’agit plutôt d’un symptôme d’un désenchantement plus profond, nourri par des décennies de déséquilibres et d’incompréhensions.

On l’écoute

Alors que le chef d’Etat Mahamat Idriss Déby tente de s’affirmer comme un acteur souverain, la France devra repenser sa stratégie en Afrique pour rester crédible.

La crise de confiance entre la France et ses anciens partenaires africains, héritée d'une histoire complexe d'alliances et de révisions tardives, doit pousser la France à repenser sa stratégie en Afrique face à l'affirmation de Mahamat Idriss Déby.

Texte et voix : Silvere BOSSIEI