Economie/Tensions à l’UEMOA : Pourquoi Ouattara dit non à une présidence burkinabè

Economie/Tensions à l’UEMOA : Pourquoi Ouattara dit non à une présidence burkinabè

Economie/Tensions à l’UEMOA : Pourquoi Ouattara dit non à une présidence burkinabè

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​​​​​​​À l’approche de la réunion des ministres de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA)

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11 Juillet 2025


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À l’approche de la réunion des ministres de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA), prévue le 11 juillet 2025 à Dakar, une vive controverse agite l’organisation. En toile de fond : le refus catégorique du président ivoirien Alassane Ouattara d’entériner la présidence tournante du Burkina Faso à la tête de l’institution sous-régionale.

Un geste assumé par le chef de l’État ivoirien, qui invoque des raisons à la fois politiques, diplomatiques et géostratégiques.

Une question de principes démocratiques

Pour Alassane Ouattara, il est hors de question de confier la présidence de l’UEMOA à un régime militaire. Depuis le putsch de janvier 2022, le Burkina Faso est dirigé par le capitaine Ibrahim Traoré, arrivé au pouvoir sans légitimité électorale.

Or, selon le président ivoirien, l’UEMOA repose sur des valeurs fondamentales : démocratie, État de droit, bonne gouvernance. Confier sa présidence à un gouvernement issu d’un coup d’État reviendrait à renier ces principes.

 

Un contexte diplomatique tendu

Le refus ivoirien est aussi nourri par les tensions grandissantes entre Abidjan et Ouagadougou. En janvier 2024, le Burkina Faso, aux côtés du Mali et du Niger, a claqué la porte de la Communauté économique des États de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO), exprimant sa défiance envers les institutions régionales traditionnelles.

S’il reste membre de l’UEMOA, le Burkina Faso n’en critique pas moins ouvertement ses mécanismes. Difficile, dans ce climat, d’imaginer une présidence sereine et consensuelle.

« Comment diriger une organisation dont on rejette les fondements ? », s’interroge-t-on au sein du gouvernement ivoirien.

Une dérive géopolitique redoutée

La Côte d’Ivoire s’inquiète également des alliances du pouvoir burkinabè, notamment de sa proximité croissante avec la Russie. La présence du groupe Wagner dans la région, en soutien aux forces burkinabè, alimente les craintes d’une influence étrangère sur les décisions de l’UEMOA.

Abidjan, qui entretient des relations étroites avec les partenaires occidentaux, redoute une politisation de l’Union, au détriment de sa vocation économique.

Éviter la fracture institutionnelle

Selon plusieurs sources diplomatiques, la position ivoirienne est partagée par d'autres États membres, notamment le Sénégal et le Bénin. Tous redoutent une crise interne en cas de prise de fonction du Burkina Faso à la tête de l’UEMOA.

En se dressant contre cette éventualité, Alassane Ouattara entend jouer les garde-fous, afin de préserver l’unité et la crédibilité d’une organisation déjà fragilisée par les divisions régionales.

En somme, pour la Côte d’Ivoire, la présidence de l’UEMOA ne peut être assurée par un régime militaire, isolé diplomatiquement et porteur d’une vision en décalage avec les valeurs fondatrices de l’Union. Une position ferme, mais qui risque de raviver les tensions entre États membres.

 

Texte : SACRE Abel

Récit : Massi de GANHOUE