Enquête/Pollution au cyanure du fleuve Cavally : l’inquiétude règne toujours chez les populations de Ouyatouo

Enquête/Pollution au cyanure du fleuve Cavally : l’inquiétude règne toujours chez les populations de Ouyatouo

Enquête/Pollution au cyanure du fleuve Cavally : l’inquiétude règne toujours chez les populations de Ouyatouo

Un documentaire de Agence Presse Radio


En Côte d’Ivoire, 3 000 litres de boues contaminées aux métaux lourds et au cyanure ont été déversées dans le fleuve Cavally le 23 juin,

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01 Août 2024


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En Côte d’Ivoire, 3 000 litres de boues contaminées aux métaux lourds et au cyanure ont été déversées dans le fleuve Cavally le 23 juin, dans de le village de Ouyatouo à l’ouest du pays. 

La cause de cet ‘’incident’’ serait la rupture d'une vanne du canal d’évacuation de la mine d’or d’Ity, la plus ancienne mine d’or du pays.

Suite à cette pollution, près de 200 personnes ont été intoxiquées.

Pour comprendre la situation, l’équipe de reportage de la radio la voix de la diaspora et de l’Agence de presse radio et audio (APRA) se sont rendu sur les lieux en vue de comprendre ce qui a provoqué cette maladresse dramatique.

 Arrivé le dimanche 07 juillet 2024 dans la ville de Zouan-Hounien, la nuit se passe dans de très bonne conditions.

 

 Le lundi 08 juillet 2024 dès 06 heure du matin nous prenons la direction du site minier de YTI, plus précisément dans le village de Ouyatouo, village de 8000 âmes situé à 8km du chef-lieu de département, Zouan-Hounien.

Une fois sur place, en direction de la résidence du chef du village, la poussière des gros engins nous indique que nous ne sommes pas loin d’un site minier. Comme une trainée de poudre, la nouvelle de notre présence se répand rapidement dans tout le village, entrainant une forte mobilisation des populations à la résidence du chef du village de Ouyatouo.

Photo maison chef

Sur place, nous satisfaisons aux salamalecs d’usage avant que le chef de terre, Balla Célestin ne mette à notre disposition un groupe de quatre (4) personnes dont la présidente des femmes Kamin Aurèlie pour nous accompagner sur le site d’où tout est parti (le canal à bac où la vanne a cédé occasionnant l’écoulement de la boue cyanurée).

 

Quelques minutes ont suffi pour que nous soyons rapidement rejoints par le responsable de la sureté et de la sécurité de la mine qui nous intime l’ordre de quitter les lieux sous prétexte que c’est un lieu privé.

//Audio responsable sécurité//

Nous quittions les lieux pour prendre la direction de la rivière qui a été polluée et là trouvait des pêcheurs dont l’activité avait pris un coup comme c’est le cas de Décli René qui était arrêté au bord de la rivière regardant impuissant sa pirogue qui lui servait de moyen de subsistance.

Photo cavally

La plupart des femmes dudit village qui avaient pour activité principales l’agriculture, étaient aussi dans l’incapacité de vaquer à leurs activités comme nous l’avions constaté avec Kamin Aurélie, la présidente des femmes de Ouyatouo, qui ne manque pas de dire son mécontentement face à la sourde oreille de la société face à la situation.

Elle revient sur les circonstances de cette situation.

Photo Kamin Aurelie avec les femmes

Nous prenions la direction du centre de santé du village. Une fois sur place, un autre constat se présente à nous, un grand nombre de femmes, enfants et de vieillards étaient autour du seul infirmier du village. Aucune autre disposition médicale face à la situation qui était différente des autres jours pour docteur Ouattara.

Le mécontentement des populations était bien visible avec des voix qui s’élevaient dans la foule.

Photo de centre de santé

Premiers constats des effets du cyanure

Dans le village de Ouyatouo, lorsque les populations ont constaté qu’ils ont été collectivement pris de vomissements, de maux de tête, de violentes courbatures, et des centaines de poissons morts au bord du fleuve...ils ont immédiatement pensé aux affres de la mine d’or qui jouxte le village.

Ces malaises ont causé l’intoxication de 185 personnes, d’après un communiqué du gouvernement ivoirien publié une semaine après les faits.

Plusieurs semaines après les faits, Célestin Balla le chef de terre du village que nous avons rencontré, affirme que les symptômes des malaises persistent chez nombreux résidents.

Photo de patients

L'entreprise canadienne Endeavour Mining n’a eu de cesse de minimiser la situation auprès de nous, expliquant d’abord que les symptômes constatés chez les résidents pouvaient être aussi bien causés par le paludisme, et que la mort massive de poissons était une rumeur.

 Les conséquences négatives étaient jusque-là minimisées selon Célestin Balla

« Le service d’eau courante a été interrompu dans le village ainsi que la consommation de poisson. Alors que ces choses sont vitales pour le village", affirme Célestin Balla.

Deux incidents qui ont eu lieu au niveau de la mine d'or d'YTI ayant occasionné la pollution du fleuve Cavally par des écoulements de boue cyanurée dans la rivière adjacente qui a poursuivi dans le fleuve Cavally.

Le milieu récepteur eau et le sol atteint pose un problème environnemental.

Photo de la vanne qui a cédé

Pour le président des jeunes Memun Gouanou, cela n’aurait pas dû arrivée en raison des études d’impact environnementale mené avant le démarrage des activités dans ladite société.

Pour lui, il y a beaucoup de zones d’ombre qui font craindre sur le futur de la santé de la population.

Rappelons que les responsables de la mine, avaient d’abord nié la pollution du fleuve, avant d’être obligés de l’admettre après la confirmation venue du Centre ivoirien antipollution (Ciapol).

Photo DG CIAPOL

Monsieur Bernard Yapo, directeur général du Ciapol revient sur les faits

Bernard Yapo parle des conséquences de cette situation aux premières heures.

Photo poissons mort

Il a par la suite rassuré les populations, l’opinion nationale et internationale des dispositions prises par les autorités pour juguler le mal.

Photo DG CIAPOL

De son côté, pour Hyacinthe Konan, un chercheur de l’université de Korhogo rompu aux études de terrain, les conséquences environnementales, sanitaires et sociales de cette situation sont bien connues.

Photo Hyacinthe Konan

Pour lui, un fait de cette ampleur qui menace gravement la santé communautaire, doit attirer l’attention des pouvoirs publics ivoiriens afin d’accentuer la protection des personnes et de leurs biens. 

Malheureusement, avec le code minier de 2014, la Côte d’Ivoire incite les grandes sociétés minières étrangères exonérées de Taxes sur la valeur ajoutée (TVA), à investir dans le pays. Le nombre de permis de recherche est lui passé de 120 à 189, tandis que les permis d’exploitation et les projets d’exploitation en cours sont passés de 9 à 28 entre 2012 et 2023.

Les conséquences sur la santé des populations sont visibles quand elles consomment de l’eau ou du poisson intoxiqué au cyanure, que ce soit par la faute des mines ou des orpailleurs clandestins.

Photo cas de malade

 Dans la région d’Hiré, où il a mené plusieurs études, le chercheur explique avoir vu des cas récurrents de bronchites et des infections cutanées à profusion, même chez ceux qui ne travaillaient pas à la mine.

Il est plus que nécessaire de faire un suivi du secteur de l’exploitation minière afin de garantir la santé des populations.

Photo forage en construction

Au moment où nous mettions sous presse, les populations de Ouyatouo ne consomment toujours pas l’eau de puit et les poissons d’eau douce. Le forage en construction n’étant pas encore achevé et sur les deux citernes de l'Office national de l'Eau potable (ONEP), une seule fonctionne et dessert les 8000 habitants de Ouyatouo, ce qui est insuffisant.

Texte et voix : Silvère BOSSIEI