L’ancien secrétaire d’État américain et influent conseiller géopolitique, Henry Kissinger, est mort le mercredi 29 novembre 2023 à l’âge de 100. Il a rendu l’âme dans sa maison du Connecticut, a indiqué son cabinet de conseil Kissinger Associates dans un communiqué, sans préciser la raison du décès. La famille du diplomate organisera des funérailles privées et une cérémonie d'hommage publique ultérieure se tiendra à New York.

Avec son décès, "l'Amérique a perdu l'une de ses voix les plus sûres et les plus écoutées en politique étrangère", a salué dans un communiqué l'ancien président américain George W. Bush.  Emmanuel Macron, lui, a salué « un géant de l’Histoire », qui a eu « une influence durable sur son époque L’ambassadeur de Chine aux États-Unis, Xie Feng, a qualifié sa disparition de "perte énorme.

Grand artisan du rapprochement historique entre les États-Unis et la Chine communiste au début des années 1970, initiateur de la politique de détente avec l’URSS, son nom reste également associé aux accords de Paris qui ouvriront la voie au retrait américain du Vietnam et lui ont valu le prix Nobel de la paix en 1973.

Mais ce bilan prestigieux n’a jamais cessé de susciter le débat aux États-Unis.

Bombardements meurtriers au Cambodge, rôle occulte dans le renversement du gouvernement démocratiquement élu de Salvador Allende au Chili en 1973, appui à l’opération Condor, une vaste campagne d’assassinats d’opposants dans six dictatures militaires d’Amérique latine en 1975… Henry Kissinger a régulièrement été qualifié de "criminels de guerre" par ses détracteurs les plus virulents.

Cette homme est né en Allemagne en 1923 dans une famille juive de la bourgeoisie bavaroise. En 1938, il fuit les persécutions nazies avec ses parents pour rejoindre New York. Naturalisé américain, il intègre le contre-espionnage militaire où sa maîtrise de l’allemand et sa connaissance du terrain se révèlent de précieux atouts pendant la Seconde Guerre mondiale, puis lors de la période de dénazification.  De retour aux États-Unis, il poursuit des études à Harvard. C’est pendant cette période clé qu’il forge sa vision des relations internationales inspirée par le diplomate autrichien Metternich et "l'ordre européen" de la première moitié du XIXe siècle. Organisé par les puissances qui ont battu Napoléon, il visait à éradiquer l'héritage de la Révolution française.

Un grand homme s’en est allé.