Société / Liberia : Prince Johnson décédé à 72 ans
Société / Liberia : Prince Johnson décédé à 72 ans
Un documentaire de Agence Presse Radio
Prince Yormie Johnson, l’ex-chef de guerre, acteur majeur de l’un des conflits les plus atroces du continent africain qui a ravagé le Liberia entre 1989 et 2003
Un documentaire de
Agence Presse Radio
Mise en ligne
29 Novembre 2024
Réalisation
Agence Presse Radio
Mise en onde & mix
Agence Presse Radio
Illustration
Agence Presse Radio
Production
Agence Presse Radio
Prince Yormie Johnson, l’ex-chef de guerre, acteur majeur de l’un des conflits les plus atroces du continent africain qui a ravagé le Liberia entre 1989 et 2003, occasionnant près de 250.000 morts, a soudainement rendu l'âme le jeudi 28 novembre 2024 à l'âge de 72 ans, à l'hôpital Hope for Women de Paynesville, en banlieue de Monrovia au Liberia.
Les causes exactes de la mort du Prince Johnson n’ont pas été précisées, cependant l’annonce de son décès a été rendue publique par Wilfried Bangura, cadre de son parti.
Selon Siaffa Jallah, responsable du service de presse du Sénat, la mort du sénateur Johnson est très regrettable et inattendue. Il a également fait savoir que le vice-président du Liberia, Jeremiah Koung, l’un de ses proches s’est rendu à l’hôpital, et lui et d’autres sénateurs se sont rendus au domicile du sénateur pour rencontrer la famille.
Élu sénateur du comté de Nimba, sa région d'origine en 2005 jusqu’à sa mort, la disparition de Johnson met fin à un héritage marqué par son rôle dans les guerres civiles et son influence politique.
En effet, ancien chef rebelle, responsable de la capture et de l'exécution du président Samuel Doe, il a été l'un des acteurs importants de la première guerre civile libérienne.
C'est en 1990 que se forge la réputation d'ultra-violence de Prince Johnson. Avec ses hommes, ils capturent le président de l’époque, Samuel Doe, le torturent sous l’objectif des caméras. Cette séquence, tristement célèbre, montre un Samuel Doe à genoux, suppliant pour sa vie, pendant que Johnson mène l'interrogatoire entrain de siroter une bière. Samuel Doe sera ensuite exécuté et son cadavre exhibé dans les rues de Monrovia.
Alors qu'il résidait à Monrovia, Prince Yormie Johnson a rejoint la Garde nationale libérienne (GNL), qui a été transformée en Forces armées du Libéria (AFL), à la suite du renversement du président William R. Tolbert par Samuel Doe en 1980.
Il a atteint le rang de lieutenant et a suivi une formation militaire au Libéria et aux États-Unis, où il a été formé à la police militaire en Caroline du Sud. Disciplinaire sévère, souvent draconien, il a servi d’aide de camp au général Thomas Quiwonkpa, commandant des forces armées du Libéria, et l’a accompagné en exil en 1983, après l’accusation de Quiwonkpa de comploter un coup contre Doe.
En conflit avec Charles Taylor (homme d'État libérien, président de la République du 2 août 1997 au 11 août 2003), Prince Johnson fuit le Liberia en 1992 et se réfugie à Lagos au Nigeria. Pendant son exil de treize ans, il se fait prédicateur évangélique. Il se définit comme un « born again christian », à l'image de George Walker Bush (43ème président des États-Unis).
De retour au Liberia en 2005, il prend de nouveau part à la vie politique, affichant une proximité avec le Parti de l'unité (UP).
En 2008, Prince Johnson déclare que Charles Taylor et lui-même ont été sollicités pour assassiner Thomas Sankara, en désignant Blaise Compaoré pour commanditaire. L’enquête menée à partir de 2015 afin d'éclaircir les circonstances de cet assassinat semble toutefois écarter cette hypothèse, bien que des doutes perdurent.
Le parcours politique de Johnson reste marqué par des surprises. En 2017, alors qu’il soutenait l’ex-footballeur George Weah, il a contribué à sa victoire, et lors de l’élection présidentielle de 2023, sa loyauté envers Joseph Boakai a été cruciale, ce dernier ayant remporté l’élection avec 50,6 % des suffrages. La capacité de Johnson à naviguer dans le paysage politique, malgré un héritage de violence, témoigne de son charisme et de son talent à rester influent.
Texte et voix : Marie-Paule N’GUESSAN
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