Le Nigeria se réveille avec une décision aussi inattendue que radicale : TikTok a imposé depuis dimanche 7 décembre 2025 un couvre-feu sur les vidéos en direct, interdisant aux utilisateurs de lancer ou de regarder des LIVE entre 23h et 5h du matin (heure locale). Une première sur le continent africain, révélatrice de l’ampleur des dérives constatées sur la plateforme.

Une mesure choc après des milliers de violations

Cette restriction intervient après une vague de sanctions sans précédent. Selon les données internes de la plateforme, TikTok a enregistré au 2ᵉ trimestre 2025 : 49 000+ sessions LIVE nigérianes bannies, 3,6 millions de vidéos supprimées dans la même période. Les raisons invoquées sont alarmantes : contenus sexuels explicites, mise en danger de mineurs, scènes jugées dégradantes ou monétisées illicitement, et autres violations massives des règles communautaires.

Un couvre-feu qui change tout

Depuis la mise en place du dispositif, de nombreux créateurs nigérians affirment voir leur bouton LIVE grisé, accompagné du message : « Pas d’accès ». TikTok qualifie la mesure de temporaire, le temps de renforcer ses protocoles de sécurité. Aucun calendrier officiel n’a cependant été communiqué.

Le Nigeria, marché stratégique mais sous tension

Avec une population très jeune et hyperconnectée, le Nigeria est devenu en quelques années l’un des écosystèmes TikTok les plus dynamiques d’Afrique. Mais cette croissance fulgurante s’est accompagnée d’une montée en flèche des dérives, notamment la création de contenus à caractère sexuel diffusés en direct dans le but de générer des revenus rapides. Cette répression pourrait redéfinir durablement le modèle économique de milliers de créateurs locaux, dont une partie dépendait largement des interactions nocturnes en direct pour monétiser leurs contenus.

Vers un nouvel équilibre ?

Alors que les autorités nigérianes restent silencieuses, cette décision remet en lumière les défis de modération dans un pays où les plateformes numériques connaissent une explosion d’usage. Pour TikTok, l’enjeu est clair : restaurer un environnement sûr, éviter les dérives liées à l’exploitation et protéger les utilisateurs, au risque de perturber une partie de la communauté créative la plus dynamique du continent. Une décision qui, sans aucun doute, fera date dans l’histoire de la régulation des réseaux sociaux au Nigeria.

Texte et récit : Marie-Paule N'GUESSAN