Yopougon-Azito : la mort de Kevin, 14 ans, ravive le malaise entre forces de l’ordre et population

Yopougon-Azito : la mort de Kevin, 14 ans, ravive le malaise entre forces de l’ordre et population
Un documentaire de Agence Presse Audio
La commune de Yopougon est une nouvelle fois secouée par un drame qui interroge sur la place et le rôle des forces de sécurité au sein des quartiers populaires
Un documentaire de
Agence Presse Audio
Mise en ligne
19 Juin 2025
Réalisation
Agence Presse Audio
Mise en onde & mix
Agence Presse Audio
Illustration
Agence Presse Audio
Production
Agence Presse Audio
La commune de Yopougon est une nouvelle fois secouée par un drame qui interroge sur la place et le rôle des forces de sécurité au sein des quartiers populaires. Le lundi 16 juin 2025, M’Boua Christ Kevin, élève en classe de 4e, est décédé dans des circonstances dramatiques, après une violente altercation avec un policier, selon plusieurs témoins.
Un drame de trop ?
D’après les premiers éléments disponibles, le jeune Kevin jouait avec des camarades dans la cour d’un immeuble du quartier Azito lorsqu’un policier, résident des lieux, serait sorti de son appartement et les aurait pourchassés à l’aide d’une matraque. Si la majorité des enfants ont réussi à fuir, Kevin, lui, aurait été rattrapé puis violemment battu jusqu’à perdre connaissance.
Transporté par le policier lui-même au centre de santé urbain communautaire d’Azito, l’adolescent a été déclaré mort à son arrivée. L’infirmier de garde a signalé une simple égratignure sur le visage, mais les témoignages recueillis évoquent des blessures bien plus graves.
Une affaire qui bouleverse l’opinion
La mort de Kevin, fils unique de sa mère, a provoqué une onde de choc dans le pays. La vidéo de la mère en pleurs, criant sa douleur, a rapidement envahi les réseaux sociaux. Pour de nombreux Ivoiriens, ce drame symbolise un profond malaise : celui d’un climat de méfiance persistant entre citoyens et forces de l’ordre.
À Yopougon comme dans d’autres quartiers populaires, la population vit avec le sentiment d’être surveillée, contrôlée, parfois brutalisée. L’image du policier protecteur s’efface peu à peu, laissant place à celle d’un homme en uniforme, autoritaire, souvent au-dessus des lois.
Une réponse rapide, mais la question reste entière
Face à l’indignation grandissante, la hiérarchie policière a rapidement réagi. Le policier mis en cause a été interpellé et remis à la disposition de la justice. Une enquête a été ouverte, avec l’implication de la Police Criminelle et de la Police Scientifique, afin de faire toute la lumière sur les faits.
Mais ce geste, bien qu’indispensable, ne suffit pas à éteindre la colère. Nombreux sont ceux qui demandent des mesures plus fortes : une réforme profonde de la police, une formation renforcée sur le respect des droits humains, et surtout, des sanctions fermes contre les auteurs de bavures.
Une jeunesse en quête de protection, pas de violence
Le décès de Kevin soulève également une question plus large : celle de la sécurité et du bien-être des enfants dans les villes. Dans un contexte social déjà marqué par des tensions économiques, la violence institutionnelle devient une source supplémentaire d’angoisse pour les familles.
La Côte d’Ivoire ne peut se résoudre à banaliser ce type de drame. Chaque jeune perdu dans de telles conditions est une blessure infligée à la nation tout entière.
L’enquête judiciaire déterminera les responsabilités. Mais le pays, lui, doit s’interroger collectivement : jusqu’à quand la peur de l’uniforme dominera-t-elle nos quartiers ?
Texte : SACRE Abel
Récit : Silvere BOSSIEI
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