« Soutilé le village maudit »

« Soutilé le village maudit »

« Soutilé le village maudit »

Un documentaire de Agence Presse Radio


Il y a longtemps, très longtemps, dit une légende du peuple éburnéen.

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26 Octobre 2023


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Il y a longtemps, très longtemps, dit une légende du peuple éburnéen.

Quelque part à l'ouest du carré que représentait le pays de l'Éburnie, vivait un peuple, un peuple entre des chaînes de montagne. Il s'agit de l'ouest de ce pays. Et dans ce pays, l'eau était comme un miroir. Et ce peuple-là vivait d'abondance, offerte par la nature, qui était généreuse. Les hommes n'avaient pas besoin de travailler, seulement la nature leur procurait tout ce dont ils avaient besoin pour vivre en paix.

Mais Soutilé avait un grave problème. Enrichis par la nature et Dieu, les habitants de Soutilé avaient cette mauvaise manie de ne pas s'entraider. Et le pire, dans ce pays où l'hospitalité était une norme cardinale, les habitants de Soutilé n'étaient pas hospitaliers. Alors, ils avaient vécu pendant longtemps sous ce signe-là.

Pourquoi nous parlons de Soutilé ?

Nous parlons des Soutilé parce que beaucoup d'hommes, femmes, enfants, mais en même temps beaucoup d'espaces, vivent de la méchanceté qu'ils ont érigée comme mode social de coopération, comme mode politique de gestion du pouvoir. Les autorités de Soutilé étaient très méchantes. Nous nous souvenons encore lorsque, dans ce livre, où l'éléphant tenait un crayon autour duquel il enroulait sa trompe. Sur ce livre bleu, nous découvrons cette légende, cette légende profonde et millénaire.

Ayant vécu sur ce champ, les habitants de Soutilé avaient commencé, du fait de leur méchanceté, à avoir de sérieux problèmes. Eux qui ne travaillaient pas pour se nourrir, ou s'ils voulaient travailler, ils travaillaient simplement pour se faire plaisir. Il ne faut pas oublier qu'à Soutilé, les femmes, les hommes et les enfants étaient travailleurs. Ça, il ne faut pas le leur arracher. Mais vu leur façon de faire les choses, l'on se demandait si Soutilé allaient continuer sur cette lancée. Et pour pouvoir les tenter, voir si les Soutiléens pouvaient changer de comportement, devenir plus humains. Et même être hospitaliers, voir en l'étranger un des leurs, Dieu leur envoya des anges. Des anges, nous ne sommes pas dans la Bible pour parler de Sodome et Gomorrhe, où Dieu envoya des anges pour tester leur comportement.

Mais les choses ont la même l'habitude. Sous les cieux, sur les tropiques, dans l'Équateur, en Amazonie, ou encore au loin, là-haut, là où la terre et la mer se croisent. Là où deux mers, deux eaux différentes se croisent, il y a toujours qu'il faut aider l'humanité.

Alors, voyant leur comportement exécrable, Dieu envoya deux génies, deux djinns, qui étaient à la fois méchants et gentils. Gentils lorsque vous vous comportez bien, méchants lorsque vous agissiez avec la méchanceté dans le cœur. Or, les Soutiléens étant aussi mauvais physiquement, mais aussi dans le cœur.

D'abord, une vieille femme vint. Elle tenait une canne sur laquelle elle ne pouvait tenir. Ses vêtements étaient sales, sales que de loin et au loin, on sentait son odeur exécrable corporelle. Elle enjamba alors le seuil du village, l'une des entrées, puis elle marcha péniblement. Pour faire un pas, il lui fallait des minutes. La vieille claudiqua, marcha autant qu'elle pouvait, comme si elle était frappée du rhumatisme.  Et les villageois qui la voyaient ne lui venaient point en aide et ne lui tendirent même pas une calebasse d'eau pour qu'elle se désaltère. Elle suait, et sur son corps, la sueur et la crasse tombaient sur le sol en un bruit qui, d'habitude, aurait pu effrayer des hommes normalement consécutifs, des hommes qui portaient en eux l'humanité.

Elle avait commencé son entrée dans le village très tôt le matin. Et jusqu'au midi, elle n'avait pas encore fait le quart de son parcours.  Comme si elle attendait quelque chose, comme si elle espérait quelque chose. Elle marcha de cette lenteur qui dépassait la lenteur du caméléon lorsqu'il était heureux. Elle marcha de la lenteur de l'escargot, de la lenteur de la tortue qui, si on ne met pas le feu sur son dos, ne peut accélérer. Et jusqu'à ce que le soleil atteignit le Zénith, c'est à ce moment-là qu'elle parcourut le demi de sa distance. Et toujours, villageois et enfants ne s'intéressaient pas à la vieille. Ils la dépassaient comme si elle n'était rien, certains lançant même des injures, à son égard. 

Mais la vieille, cheveux blancs et hirsutes, continua son périple, comme si elle attendait quelque chose, mais que cette chose ne venait pas. Elle poursuivit son chemin. Fatiguée, un moment, elle s'assied sous un arbre, sous l'arbre à palabres, là où les décisions importantes du village se prenaient. Même le chef du village, qui était alors assis, saut sur son apatam ne jeta aucun regard vers la vieille qui traversait le village, claudiquant, suant et presque exténuée.

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Elle se releva un moment, poursuivit son chemin, passant près des concessions des notables, et certains même sentant son odeur de loin, se retranchait dans leur cabane pour ne plus la voir. Ainsi, la vieille traversa le village lorsque le soleil était sur le point de se coucher. Lorsqu'elle atteignit la lisière du village, un soleil crépusculaire d'une couleur rouge sang ocre s'abattit sur le village.

Elle disparut comme elle était venue, et la nuit tomba sur Soutilé. Dieu, voyant le comportement de ces habitants-là, attendit encore un puis renvoya un autre djinn. Lorsque ce djinn vint, il subit, cette fois c'était un homme ; un vieillard. Or, on dit en Afrique que tour vieillard possède la sagesse, comme la vieille aussi possédait la sagesse. Ayant constaté cela, le vieux demanda de l'eau à une femme qui ferma sa porte. Il demanda à manger à un homme qui était en train de cuire du manioc. Cet homme aussi refusa. Il s'avança et demanda de l'eau à un enfant. Cet enfant le regarda, puis lui tendit une calebasse d'eau. 

 

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Il traversa le village. À cause de cet enfant, le vieux Djinn n'agit pas. Un troisième vint, et encore aucun. Il traînait sur ses fesses comme un estropié. Il avait traversé le village en passant de concession en concession. Aucune âme pour lui donner de l'eau à boire, sauf encore la famille de l'enfant qui lui donna de l'eau et à manger. Alors le djinn dit à la famille, avant que le soleil n'atteigne son coucher et qu'il devienne comme le sang quittez Soutilé, sinon la malédiction qui est prévue pour ce village s'abattra sur vous. Cette famille, sans attendre, prit ses baluchons. Et lorsqu'il sortait du village et qu'il disait que le djinn lui avait dit qu'il y aurait une malédiction sur Soutilé, les villageois se moquaient de lui. Il alla même chez le chef du village pour lui en parler.

Le chef ne l'écouta pas. Cette famille sortit du village et s'en alla. 

Lorsque le soleil eut atteint la lisière de son coucher, les gens commençaient alors à sentir dans leurs membres comme une paralysie. Au fur et à mesure que le soleil se couchait et qu'il disparaissait derrière les nuages de sang, tout le village fut transformé en statues de pierre. 

Quelque part à l'ouest du carré qui représentait l'Éburnie, ce village si joli, encerclé de montagnes et de verdure qui leur procuraient à manger, s'était transformé ; les hommes étant liquéfiés, les femmes étant statufiés, les enfants étant aussi statufiés, chacun dans la position qu'il avait adoptée au moment de la sentence des dieux, de la sentence des cieux.  C'est depuis ce jour que Soutilé n'y a plus d'or. Soutilé est un village abandonné. La morale de cette histoire, qu'on soit mauvais au plus profond de nous-mêmes, il doit y avoir une humanité en nous. 

Lorsqu'on en a un peu, il faut partager, car on ne sait jamais qui nous croisons sur notre chemin :  "Un humain, un esprit, un djinn, un ange ! Nous devons toujours avoir à cœur ; l'hospitalité et partager, parce que quand il y en a pour un, il y en a pour deux, et s'il y en a pour deux, il y en a pour quatre, s'il y en a pour quatre, il y en a pour seize, s'il y en a pour des milliers, il y en a pour tous.  Offrons de l'harmonie entre les peuples, entre les races, entre les religions, pour que notre monde puisse être prospère, et que demain soit meilleur pour chacun de nous.

 

Vous étiez à Contes et Légendes sur la 106.9, App Store, Play Store, www.lavoix-deladiaspora.fr, ou encore sur notre moteur téléchargeable. C'était JEK LULUTÊGUÎ-LOUA, loin pour vous, dans ce conte du terroir : "Soutilé, le village maudit", où les hommes sont devenus de la pierre. Merci et à bientôt, 22h30, sur votre radio préférée

Souvenir du Conte de CE2 retranscrit (Côte d’Ivoire) –

Voix : JEK