L’ancien chef d’Etat nigérian Muhammadu Buhari s’est éteint le 13 juillet 2025 à Londres, en Angleterre, à l’âge de 82 ans, des suites d’une longue maladie. La nouvelle a été donnée par la présidence nigériane et confirmée par son ancien porte-parole Garba Shehu.

Militaire de carrière, Muhammadu Buhari a marqué le Nigeria par un parcours politique atypique. Il a d’abord dirigé le pays à la suite d’un coup d’Etat dans les années 1980, instaurant un régime militaire réputé pour sa rigueur, son autoritarisme et sa volonté affichée de moraliser la vie publique. Après avoir été renversé, il s’est éloigné temporairement de la scène politique avant de revenir, cette fois dans le cadre démocratique, en remportant l’élection présidentielle de 2015, devenant le premier candidat de l'opposition du pays à battre un président sortant depuis le retour de la démocratie multipartite en 1999. Ce scrutin historique a marqué la première alternance démocratique au Nigeria, et Muhammadu Buhari a été réélu pour un second mandat en 2019. Il a quitté le pouvoir en 2023, après huit années de présidence civile.

Durant ses mandats démocratiques, l’ex-président nigérian s’était présenté comme un homme de principes, priorisant la lutte contre la corruption et l’insécurité. Cependant, son bilan reste contrasté. S’il a effectivement mené plusieurs campagnes contre le détournement de fonds publics, les résultats sur le terrain ont été jugés mitigés. L’économie nigériane a traversé deux périodes de récession pendant sa présidence, et la monnaie nationale s’est fortement dépréciée. Simultanément, la situation sécuritaire est demeurée préoccupante, en particulier dans le nord-est du pays, en proie aux attaques de Boko Haram et aux violences communautaires.

Les réactions suite à l’annonce de son décès ont afflué de toutes parts. Pour beaucoup de Nigérians, Muhammadu Buhari restera une figure emblématique, parfois controversée, mais incontestablement influente dans la construction du Nigeria contemporain. Sa disparition clôt un chapitre important de l’histoire nationale, entre mémoire militaire, transition démocratique et quête inachevée de stabilité.

Texte : Mina Tiéporogadana DEMBELE

Récit : Marie-Paul N'GUESSAN