La dépouille de l’influenceur burkinabè Alain Christophe Traoré, plus connu sous le nom d’Alino Faso, est arrivée le lundi 18 août 2025 à Ouagadougou la capitale. Décédé le 24 juillet dernier en détention à l’école de gendarmerie à Abidjan, son corps a été rapatrié après plusieurs semaines de revendications des autorités burkinabè, qui exigent une autopsie pour éclaircir les circonstances jugées suspectes de sa mort.
Le cercueil, recouvert du drapeau national, a été accueilli à l’aéroport international par une foule nombreuse, en grande partie vêtue de blanc, ainsi que par plusieurs membres du gouvernement, dont les ministres des Affaires étrangères, de la Sécurité et de la Communication. « C’est la dépouille d’un patriote, d’un humaniste que nous accueillons aujourd’hui », a déclaré Bien Bakyono, figure de la société civile.
Un ami du disparu présent sur les lieux, exprime ses regrets
Un autre est plus amer
Le cortège funèbre, escorté par les forces de l’ordre, a ensuite conduit la dépouille à la morgue de l’hôpital de Bogodogo à Ouagadougou. Tout au long du trajet, des milliers de personnes scandaient « Justice pour Alino ». Au nom de la famille, Joseph Traoré a remercié la population pour cet élan de solidarité, tandis que d’autres voix, comme celle de l’activiste Harouna Lompo, ont réclamé que l’État burkinabè engage des poursuites internationales si une responsabilité de l’État ivoirien venait à être confirmée.
Mort en détention et version contestée
Arrêté le 10 janvier à Abidjan pour « intelligence avec des agents d’un État étranger », Alino Faso, 44 ans, avait été placé en détention à l’École de Gendarmerie, et non à la Maison d’arrêt et de correction d’Abidjan. Selon le procureur de la République de Côte d’Ivoire, Oumar Braman Koné, il a été retrouvé pendu à l’aide de son drap, après avoir tenté de s’ouvrir les veines.
Le magistrat a rejeté les accusations de torture, affirmant que le détenu bénéficiait de conditions de détention convenables, avec trois repas quotidiens et la possibilité de choisir ses menus.
Une affaire aux relents diplomatiques
Cette mort survient dans un contexte de relations tendues entre la Côte d’Ivoire et le Burkina Faso, déjà fragilisées depuis le coup d’État du capitaine Ibrahim Traoré en septembre 2022. À Ouagadougou, les autorités affirment que ce décès « ne restera pas impuni », tandis que la société civile appelle à une enquête indépendante.

Texte : SACRE Abel 
Récit : MASSI DE GANHOUE