L’Union africaine (UA) a suspendu, mercredi 15 octobre 2025, Madagascar de toutes ses instances, à la suite de la destitution du président Andry Rajoelina et de la prise de pouvoir par des militaires dirigés par le colonel Michaël Randrianirina. Cette décision intervient dans un contexte de crise politique aiguë, alimentée depuis fin septembre 2025 par une contestation populaire d’ampleur, à laquelle s’est ralliée une unité de l’armée.

Le 14 octobre, après un vote controversé de l’Assemblée nationale destituant le chef de l’Etat, des militaires ont annoncé ‘’prendre le pouvoir’’. Le lendemain, la Haute Cour constitutionnelle a constaté la vacance du poste présidentiel et invité le colonel Randrianirina à exercer les fonctions de chef de l’Etat. Dans la foulée, la Constitution a été suspendue. Le colonel, à la tête d’une unité d’élite, a justifié son intervention par un ‘’blocage institutionnel’’, refusant le terme de coup d’Etat et annonçant une transition de 18 à 24 mois, la tenue d’élections et la désignation d’un Premier ministre à l’issue d’une consultation nationale. Il doit être investi officiellement le 17 octobre 2025.

L’UA a fermement condamné ce qu’elle qualifie de changement anticonstitutionnel, en violation de la Charte africaine de la démocratie, des élections et de la gouvernance. Elle exige le retrait immédiat de l’armée de la vie politique, la formation d’un gouvernement civil detransition, des élections rapides et un dialogue national inclusif. Elle menace également de sanctions ciblées si aucun progrès vers un retour à l’ordre constitutionnel n’est constaté. La Communauté de développement de l’Afrique australe a, de son côté, dépêché une mission de médiation dirigée par l’ancienne présidente du Malawi, Joyce Banda.

Andry Rajoelina, contesté dans la rue et politiquement isolé, a dénoncé une « tentative de coup d’Etat » et déclaré rester en fonction. Selon Radio France internationale (RFI), il aurait été exfiltré par un avion militaire français. Arrivé au pouvoir en 2009 à la faveur d’un précédent soulèvement soutenu par l’armée, il quitte aujourd’hui la scène dans des conditions similaires. Ce nouveau basculement institutionnel place Madagascar parmi les pays récemment suspendus de l’Union africaine après des prises de pouvoir militaires, aux côtés du Mali, de la Guinée, du Burkina Faso et du Niger, confirmant une tendance inquiétante pour la stabilité démocratique sur le continent.

Texte : La plume de la Bagoué

Récit :  Marie-Paule N’Guessan