Réligion/Succession de François : Dans les coulisses de l’élection du prochain pape
Après la disparition du pape François le 21 avril 2025
Après la disparition du pape François le 21 avril 2025, l’Église catholique se prépare à désigner son 267e souverain pontife lors d’un conclave riche en enjeux spirituels, géopolitiques et symboliques.
A Rome, le décès du pape François a ouvert une nouvelle page dans l’histoire de l’Église catholique. Tandis que les cloches du Vatican résonnent encore à la mémoire de ce pontife argentin qui aura marqué son époque par son humilité, son approche pastorale et son attention aux marges, les regards se tournent déjà vers la chapelle Sixtine, où se tiendra dans les prochains jours le conclave chargé d’élire son successeur.
Le conclave : une tradition ancestrale
Le conclave, du latin cum clave (sous clé), réunit les cardinaux électeurs de moins de 80 ans venus des quatre coins du monde. Actuellement, 127 cardinaux remplissent ces critères et sont appelés à entrer dans la chapelle Sixtine. Là, coupés du monde extérieur (sans téléphone ni contact avec l’extérieur), ils prient, débattent et votent à bulletin secret jusqu’à ce qu’un candidat obtienne une majorité des deux tiers.
Les bulletins sont brûlés après chaque vote. La fumée noire qui s’échappe de la cheminée de la chapelle indique un scrutin infructueux ; la blanche annonce l’élection du nouveau pape.
Favoris et jeux d’influence
L’élection à venir est entourée de nombreuses spéculations. Plusieurs noms reviennent avec insistance parmi les papabili (ces cardinaux pressentis comme potentiels successeurs), le cardinal Matteo Zuppi, archevêque de Bologne, figure de compromis en Italie, est vu comme un pont entre la ligne réformatrice de François et les attentes plus conservatrices. Le cardinal Luis Antonio Tagle, originaire des Philippines et très apprécié dans les milieux progressistes, incarne quant à lui une Église en dialogue avec les cultures asiatiques.
Sur le continent africain, plusieurs figures gagnent en notoriété : le cardinal Dieudonné Nzapalainga (Centrafrique), plus jeune cardinal électeur (56 ans), reconnu pour son engagement en faveur de la paix interreligieuse, ou encore le cardinal Peter Turkson (Ghana), très impliqué dans les questions de justice sociale et d’écologie.
La France n’est pas en reste : le cardinal Jean-Marc Aveline, archevêque de Marseille, récemment créé cardinal par François, incarne une Église ouverte sur la Méditerranée, attentive aux migrants et aux tensions géopolitiques du sud de l’Europe. Il est apprécié pour son profil intellectuel et pastoral.
La Côte d’Ivoire avec Monseigneur Ignace Dogbo Bessi, archevêque d'Abidjan en Côte d'Ivoire et le Cardinal Jean-Pierre Kutwa ne sont pas cités parmi les favoris au titre du prochain pape.
Un vote secret mais stratégique
Le vote papal, bien que sacré, obéit aussi à des logiques humaines : jeux d’alliances, équilibres géographiques, sensibilités théologiques… Chaque cardinal vient avec sa propre vision de l’avenir de l’Église, et le choix du pape devient le reflet des tensions mais aussi des espoirs d’une institution millénaire en quête de renouveau.
Les cardinaux votants, souvent discrets, peuvent également être influencés par les orientations précédemment impulsées par François : proximité avec les pauvres, gouvernance synodale, réforme de la Curie, ouverture aux périphéries.
Une Église à la croisée des chemins
L’élection du nouveau pape intervient dans un contexte mondial complexe : montée des nationalismes, crises migratoires, perte d’influence religieuse en Europe, mais dynamisme croissant du christianisme en Afrique, en Asie et en Amérique latine. Le profil du futur pontife devra refléter ces enjeux tout en offrant une vision spirituelle unificatrice.
Le monde entier aura les yeux rivés sur la cheminée de la chapelle Sixtine. Et lorsque la fumée blanche s’élèvera, un nouveau chapitre s’ouvrira pour l’Église, et au-delà.
Qui peut être désigné pape ?
En théorie, n’importe quel homme baptisé peut être élu pape. Mais en pratique, depuis plusieurs siècles, le pape est toujours choisi parmi les cardinaux.
Conditions officielles :
Être un homme (l’Église catholique n’ordonne pas de femmes).
Être baptisé dans l’Église catholique.
Ne pas être excommunié ou considéré comme hérétique.
Le pape est quasiment toujours un cardinal, car ce sont eux qui participent au conclave et connaissent les enjeux de l’Église universelle.
Il faut avoir moins de 80 ans pour voter, mais on peut être élu même au-delà de cet âge, voire même si l’on n’est pas cardinal (bien que ce soit très rare et peu probable aujourd’hui).
Si un non-cardinal est élu, il doit être ordonné évêque immédiatement avant de devenir pape.
Comme exemple, en 236, un simple fidèle nommé Fabien a été choisi comme pape… sans être prêtre, ni même diacre !
Selon le Liber Pontificalis et Eusèbe de Césarée (Histoire Ecclésiastique, Livre VI, chapitre 29), une colombe s’est posée sur sa tête, et le clergé et les fidèles y ont vu un signe de Dieu.
Il fut aussitôt ordonné… et plus tard, il est même devenu Saint Fabien !
Texte : SACRE Abel
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