Le président tunisien Kaïs Saïed a convoqué, le 26 novembre 2025, l’ambassadeur de l’Union européenne, Giuseppe Perrone, pour lui adresser une protestation officielle. Le chef de l’Etat reproche au diplomate d’avoir outrepassé les usages diplomatiques en menant des démarches jugées extérieures aux voies institutionnelles, alors même qu’il est accrédité auprès de l’Etat tunisien et de ses institutions. Cette réaction fait suite à une rencontre entre l’ambassadeur et le secrétaire général de l’Union générale tunisienne du travail (UGTT), Noureddine Taboubi. A l’issue de cet entretien, Giuseppe Perrone avait salué le rôle du syndicat dans la promotion du dialogue social et du développement économique.

L’UGTT, centrale syndicale influente forte de plus de 700 000 membres et co-lauréate du prix Nobel de la paix en 2015, multiplie ces dernières semaines les mobilisations pour obtenir des augmentations de salaires. Son leader Taboubi, qui soutient plusieurs mouvements de grève dans le secteur privé, s’est félicité de la forte participation à la grève générale à Sfax et brandit désormais la menace d’un débrayage national face à la baisse du pouvoir d’achat et à la dégradation des conditions de vie. L’ambassadeur Giuseppe Perrone avait également rencontré des représentants du patronat tunisien et réaffirmé sa volonté de poursuivre le dialogue avec l’ensemble des partenaires sociaux, tout en maintenant le soutien européen à la Tunisie.

En coulisses, certaines sources avancent une autre raison possible à sa convocation : l’éventualité d’une prise de position prochaine de l’Union européenne concernant l’avocate et chroniqueuse Sonia Dahmani, emprisonnée et visée par plusieurs procédures.

Texte : La plume de la Bagoué

Récit : Marie-Paule N’GUESSAN