L'annonce du 17 mars 2025 de la Commission électorale indépendante (CEI) concernant l’affichage de la liste électorale provisoire pour l'élection présidentielle de 2025 en Côte d'Ivoire a suscité une vive controverse. L'absence de figures politiques majeures telles que l'ex-président Laurent Gbagbo, Charles Blé Goudé et Guillaume Soro sur cette liste a provoqué des réactions diverses, non seulement dans la sphère politique, mais également au sein de la société civile et sur internet.

Risques potentiels liés à l'exclusion de personnalités politiques

L'exclusion de leaders politiques influents peut engendrer plusieurs risques pour la stabilité politique du pays :

Frustration et mécontentement populaire : Les partisans de ces personnalités peuvent percevoir leur exclusion comme une injustice, ce qui pourrait mener à des manifestations et à des tensions sociales.

Affaiblissement du processus démocratique : L'absence de candidats représentant une partie significative de l'électorat peut remettre en question la légitimité du processus électoral et des institutions en place.

Risque de radicalisation : Les sentiments d'exclusion peuvent pousser certains groupes à adopter des positions plus radicales, augmentant ainsi le risque de conflits, tel qu’on l’a vu entre 2000 et 2010, lorsque le candidat Alassane Dramane Ouattara du Rassemblement des républicains (RDR) avait été éjecté du jeu politique pour ‘’nationalité douteuse » ou pour ‘’s’être prévalu d’une autre nationalité’’.

Leçons tirées des crises passées en Côte d'Ivoire

L'histoire politique de la Côte d'Ivoire est marquée par des périodes de tensions liées à des questions électorales et d'exclusion politique :

Crise de 2002 : Deux ans après la présidentielle de 2000 qui avait consacré Laurent Gbagbo président de la république, le pays a connu une mutinerie qui s'est transformée en conflit armé, avec des rébellions occupant près des deux tiers du territoire national.

Crise post-électorale de 2010-2011 : La contestation des résultats du second tour de l'élection présidentielle de 2010 a conduit à une crise majeure, causant des milliers de victimes et une instabilité prolongée.

Ces événements soulignent l'importance d'inclure toutes les forces politiques dans le processus électoral pour éviter des tensions susceptibles de dégénérer en conflits ouverts.

Appels à l'inclusion et à la transparence

Face à la situation actuelle, plusieurs voix s'élèvent pour appeler à une révision inclusive du processus électoral :

Société civile et observateurs internationaux : Des organisations exhortent les autorités à garantir la transparence et l'équité du processus électoral pour prévenir toute crise.

Personnalités politiques : Charles Blé Goudé, Danon Djédjé ou Hubert Oulaye…ont interpellé le pouvoir en place concernant l’exclusion de la liste électorale de leur leader, soulignant la nécessité d'un processus inclusif.

L'exclusion de personnalités politiques de la liste électorale provisoire de 2025 en Côte d'Ivoire représente un enjeu majeur pour la stabilité et la démocratie du pays. Les leçons tirées des crises passées mettent en évidence la nécessité d'un processus électoral inclusif et transparent pour éviter de raviver des tensions susceptibles de compromettre la paix sociale. Il est donc crucial que les autorités, les partis politiques et la société civile collaborent pour assurer des élections équitables, reflétant la volonté de l'ensemble du peuple ivoirien.

Texte : SACRE Abel

Récit : Marie-Paule N’GUESSAN