À quatre mois du scrutin crucial d’octobre 2025, la Côte d’Ivoire s’apprête à vivre une joute électorale où tout semble déjà basculer du côté de deux blocs majeurs. D’un côté, le Rassemblement des houphouëtistes pour la démocratie et la paix (RHDP), fort de son implantation nationale et du poids de l’administration, attend que le président Alassane Ouattara lève enfin le voile sur ses intentions. De l’autre, l’opposition historique vient de sceller une alliance majeure, celle du Parti démocratique de Côte d'Ivoire – Rassemblement démocratique africain (PDCI‑RDA) de Tidjane Thiam et du Parti des peuples africains – Côte d'Ivoire (PPA‑CI) de Laurent Gbagbo, pour tenter de s’imposer comme l’alternative à la majorité sortante.

Ce tandem PDCI‑RDA/PPA‑CI bouleverse la géographie électorale du pays. Le vieux parti d’Houphouët‑Boigny bénéficie toujours d’ancrages profonds, du Sud‑Est au Centre du pays, tandis que la formation de l’ex‑chef de l’État, forte de son poids à Abidjan et à l’Ouest, pourrait mobiliser des millions d’Ivoiriens en quête de renouveau. Pour la première fois depuis des années, l’opposition apparaît ainsi en mesure de serrer les rangs et de proposer une offre commune à un électorat en attente de changement.

Pendant ce temps, la Coalition pour l’alternance pacifique en Côte d’Ivoire (CAP‑CI), pensé à l’origine pour incarner une troisième voie, semble en perte de vitesse. Le mouvement, où figurent notamment le Mouvement des générations capables (MGC) de Simone Gbagbo et le Congrès panafricain pour la justice et l'égalité des peuples (COJEP) de Charles Blé Goudé, apparaît aujourd'hui à la croisée des chemins. À moins de trouver un terrain d’entente plus large, il pourrait finir relégué au rôle de simple figurant.

Pour le RHDP, l’heure est à la réflexion tactique. Le poids du président Alassane Ouattara, qu’il soit candidat ou qu’il adoube un dauphin, demeure un élément majeur du jeu. Le flou qu’entretient le chef de l'État renforce la discipline interne du parti, tout en gardant l’opposition en haleine.

Tout porte à croire que la présidentielle de 2025 s’articulera ainsi autour de deux pôles dominants : le RHDP, fort de son implantation tentaculaire, et le tandem PDCI‑RDA/PPA‑CI, porteur d’un récit de renouveau. Pour le CAP‑CI, ainsi que pour les petites formations politiques, le défi est de taille : s’allier ou disparaître du jeu majeur. À quatre mois du verdict des urnes, la Côte d’Ivoire écrit une nouvelle page de son paysage démocratique, où l’unité devient plus que jamais le socle de la victoire.

Texte : SACRE Abel

Récit : Massi de GANHOUE