Une page historique s’ouvre au Japon, Pour la première fois depuis la création de l’État moderne, une femme accède à la tête du gouvernement japonais. Le mardi 21 octobre 2025, à l’issue d’un accord entre le Parti libéral-démocrate (PLD) et le Parti japonais de l’innovation (Ishin), Sanae Takaichi a été officiellement investie Première ministre. Elle succède à Shigeru Ishiba, en fonction depuis un an.

Figure emblématique de l’aile droite du PLD, Sanae Takaichi est connue pour ses positions conservatrices et son révisionnisme historique assumé. Admiratrice revendiquée de Margaret Thatcher, qu’elle cite souvent comme modèle, elle s’est imposée par sa ténacité dans un univers politique longtemps fermé aux femmes. Élue députée pour la première fois en 1993 dans la préfecture de Nara, elle a rejoint le PLD trois ans plus tard, gravissant progressivement les échelons d’un parti réputé pour son patriarcat politique.

 Une victoire historique, mais un défi colossal

Après avoir remporté la présidence du PLD début octobre, Sanae Takaichi a logiquement été désignée Première ministre. Mais la tâche s’annonce ardue : le parti au pouvoir, dominant la scène politique japonaise depuis 1955, est aujourd’hui affaibli, miné par des divisions internes et concurrencé par une nouvelle droite radicale et populiste.

Sa première mission : redresser l’image du PLD et répondre aux attentes d’une population fragilisée par la hausse des prix. Peu après sa désignation par le Parlement, la nouvelle cheffe du gouvernement a affirmé vouloir faire de la lutte contre l’inflation sa priorité absolue, annonçant la préparation d’un « programme économique » destiné à soulager les ménages japonais.

 Diplomatie et symboles

Sur le plan international, son premier test s’annonce dès la semaine prochaine avec la visite de Donald Trump au Japon. Un rendez-vous diplomatique à haut risque, au cours duquel seront abordées les questions bilatérales, mais aussi la situation géopolitique en Asie-Pacifique, au Moyen-Orient et en Ukraine.

Malgré cette avancée historique, la parité reste un défi majeur pour le Japon, classé 118ᵉ sur 148 pays dans le rapport 2025 du Forum économique mondial sur l’écart entre les sexes. À ce jour, les femmes ne représentent que 15 % des députés à la Chambre basse du Parlement.

Texte et récit : Marie-Paule N’GUESSAN