Les chiffres publiés jeudi 23 octobre 2025 par le ministère de l’intérieur britannique révèlent qu’entre janvier et octobre 2025, 36 954 migrants ont rejoint le Royaume-Uni à bord de petites embarcations en traversant la Manche. Ce total dépasse déjà celui de l’ensemble de l’année 2024, qui comptait 36 816 arrivées, même s’il reste inférieur au record de 2022, lorsque plus de 45 000 personnes avaient atteint les côtes anglaises.

Malgré les efforts du gouvernement travailliste de Keir Starmer pour freiner ces traversées, le phénomène continue de croître. Cet été, le Royaume-Uni et la France ont conclu un accord inédit fondé sur le principe du « un pour un » : pour chaque migrant renvoyé vers la France après avoir débarqué au Royaume-Uni, un autre, présent sur le sol français, est accueilli outre-Manche. Depuis l’entrée en vigueur du dispositif début août, 42 personnes ont été renvoyées en France et 23 admises au Royaume-Uni. L’un des migrants expulsés a toutefois réussi à effectuer une nouvelle traversée peu après.

Ces voyages périlleux ont coûté la vie à au moins 27 personnes depuis janvier, selon un décompte de l’Agence France-Presse basé sur des données officielles. L’Etat britannique exhorte la France à assouplir ses règles d’intervention pour autoriser l’interception des embarcations jusqu’à 300 mètres des côtes françaises. Emmanuel Macron s’est dit ouvert à cette demande, évoquant la nécessité d’«agir sur la globalité du dispositif maritime».

Depuis 2018, plus de 150 000 migrants ont gagné le Royaume-Uni par la Manche, devenue la principale voie d’entrée irrégulière vers le pays. En 2024, le nombre de traversées avait déjà bondi de 25 % par rapport à 2023, avec au moins 76 décès recensés lors d’une vingtaine de naufrages. La plupart des migrants sont originaires d’Afghanistan, d’Iran, de Syrie, du Vietnam et d’Erythrée. Le gouvernement Starmer, qui a renoncé au projet conservateur d’expulsions vers le Rwanda, promet désormais de s’attaquer plus fermement aux réseaux de passeurs, qu’il dit vouloir traiter « comme des terroristes ».

Texte : La Plume de la Bagoué

Récit : Marie-Paule N’GUESSAN