La Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) a annoncé, le 25 août 2025 à Abuja, au Nigéria, la création d’une brigade régionale de lutte antiterroriste composée de 260 000 soldats. Cette force à déploiement rapide, dont le coût est estimé à 2,5 milliards de dollars (sensiblement un peu plus de 14 mille milliards de Francs CFA) par an, vise à renforcer la sécurité dans une région de plus en plus marquée par les violences extrémistes.

L’annonce a été faite à l’occasion du tout premier Sommet des chefs d’état-major africains. Le président de la Commission de la CEDEAO, Dr Omar Touray, y était représenté par l’ambassadeur Abdel-Fattah Musah, commissaire chargé des affaires politiques, de la paix et de la sécurité. Ce dernier a souligné l’urgence d’une réponse collective face à l’évolution alarmante des menaces sécuritaires dans la région. La nouvelle brigade aura pour mission principale d’apporter un soutien logistique et financier aux pays en première ligne contre le terrorisme.

Dr Touray a insisté sur la nécessité d’un engagement régional fort, à la hauteur des défis sécuritaires du moment. Il a lancé un appel à la communauté internationale, en invitant les partenaires bilatéraux et multilatéraux à accompagner cet effort ambitieux. Il a précisé que cette brigade s’inscrirait en complément du dispositif existant de l’Union africaine dans le cadre de l’Architecture africaine de paix et de sécurité.

La situation dans la région du Sahel a été particulièrement mise en lumière. Selon le président de la Commission, cette zone constitue désormais l’épicentre du terrorisme mondial, concentrant plus de la moitié des décès liés aux attaques terroristes en 2024. Il a rappelé que les populations civiles, en particulier les femmes et les enfants, sont les premières victimes de cette insécurité persistante. Le retrait progressif des Etats et la pression exercée par les groupes djihadistes ont accru la vulnérabilité des communautés locales.

Parallèlement, le développement d’une économie criminelle fondée sur l’exploitation minière illégale et la collecte de taxes illicites alimente les conflits et exacerbe les tensions. Dr Omar Touray a souligné la nécessité d’un appui renforcé de l’Union africaine et des Nations unies, évoquant notamment la résolution 2719 du Conseil de sécurité de l’Organisation des Nations unies (ONU), adoptée en décembre 2023, qui prévoit une prise en charge à hauteur de 75 % du financement des opérations de paix dirigées par l’Afrique. 

Avec ce projet, la CEDEAO entend amorcer un tournant décisif dans la lutte contre le terrorisme en Afrique de l’Ouest et affirmer sa volonté d’assumer pleinement la sécurité de ses Etats membres. Les ministres ouest-africains de la Défense et des Finances se réuniront le 29 août, également à Abuja, pour définir les modalités précises de financement de cette force régionale.

Texte : Mina Tiéporogadana DEMBELE
Récit : Massi de GANHOUE