— Une femme oublia dans la brousse un canari qu'elle avait posé près d'un buisson, l'ouverture à plat sur la terre.

— Un rat arriva.

  Belle maison ! dit-il.

Il fit un trou sous le bord et il entra. Et ce fut la porte.

Il fit un autre trou sous le bord, pour voir plus clair. Et ce fut la fenêtre.

Il fit deux bons bouchons en herbe : l'un pour la porte, l'autre pour la fenêtre.

— La nuit, dit-il, nous nous enfermerons chez nous.

Car c'est là qu'il vint habiter avec Madame Rate et les enfants Ratons.

 — Bientôt ce fut la saison des pluies. Le vent soufflait, sifflait, cassait les branches des arbres, arrachait des poignées de paille aux toits des cases. La pluie tombait, tombait, traversait les toits des cases, éteignait les feux.

Mais elle n'entrait pas dans la maison du rat, parce qu'elle ne pouvait pas traverser le canari.

 Quand la saison des pluies fut finie, un cochon sauvage vint à passer. Il était très gros, très gras, et aussi sot que gros.

Il vit le canari et dit : Qu'est-ce que c'est ?

Une termitière ! Non : c'est trop lisse !

Un champignon ! Non : c'est trop dur !

Une calebasse ! Non : c'est trop sec !

Une noix de coco ! Non : c'est trop gros ! Ah ! j'ai trouvé : c'est un tabouret pour s'asseoir ! Et il s'assit dessus.

 Je t'ai dit qu'il était très gros, très gras. Il était aussi très lourd.

Il écrasa le canari.

Et les rats n'eurent plus de maison.

C'est depuis ce temps-là que les rats n'aiment pas du tout les cochons sauvages.

Conte pris sur Facebook in "MAMADOU ET BINETA"

Voix : Jek LULUTEGUI 

Montage : Éric AKUGRE & SORO Guenifo