Abidjan, 14 juin 2025.

À moins de cinq mois de l’élection présidentielle, le climat politique continue de se tendre. Le samedi 14 juin 2025, plusieurs milliers de militants et sympathisants du Parti Démocratique de Côte d’Ivoire - Rassemblement Démocratique Africain (PDCI-RDA) ont pris d’assaut les artères du quartier de Cocody, à Abidjan, pour exprimer leur mécontentement face à la radiation de plusieurs personnalités de l’opposition, en particulier celle de Cheick Tidjane Thiam, des listes électorales.

La marche, qui s’est déroulée sur le boulevard Latrille entre les Deux-Plateaux et le carrefour Duncan, s’est tenue dans une ambiance pacifique et encadrée. Les manifestants, munis de banderoles et de pancartes, ont scandé des slogans appelant à la « démocratie véritable » et au « respect des droits politiques de tous les candidats ».

Pour le PDCI-RDA, cette radiation est perçue comme une tentative manifeste d’exclusion visant à réduire les chances de l’opposition dans la course à la magistrature suprême. « Notre combat est celui de la démocratie et de l’inclusion. Aucun citoyen, surtout lorsqu’il remplit toutes les conditions légales, ne doit être arbitrairement écarté de la compétition électorale », a déclaré un haut responsable du parti présent lors de la manifestation.

Les questions autour des listes électorales relancées

Le cas de Cheick Tidjane Thiam, ancien dirigeant de grandes institutions financières internationales, est devenu le symbole de ces tensions préélectorales. Son éviction des listes électorales pour des motifs administratifs, notamment liés à sa nationalité lors de son élection à la tête du PDCI-RDA.

Dans le camp du pouvoir, l’on insiste sur le respect strict des textes régissant la révision de la liste électorale.

Un climat préélectoral scruté de près

Depuis plusieurs mois, les appels au dialogue politique se multiplient dans l’opposition afin de garantir un processus électoral apaisé et crédible. Toutefois, l’absence de consensus sur certaines réformes institutionnelles, notamment au niveau de la Commission électorale indépendante (CEI) et du Conseil constitutionnel, entretient la méfiance de plusieurs partis d’opposition qui redoutent un processus biaisé.

Pour de nombreux observateurs, cette nouvelle controverse sur les radiations vient rappeler les défis encore persistants dans l’organisation des scrutins en Côte d’Ivoire. Le pays, qui a connu des crises électorales violentes dans les années 2000 et 2010, tente depuis plusieurs années de consolider son processus démocratique. Mais ces tensions actuelles laissent planer des incertitudes sur le climat politique à l’approche de l’échéance d’octobre 2025.

Appels au calme et à la responsabilité

Face à cette situation, plusieurs voix s’élèvent pour appeler à la responsabilité des acteurs politiques et à l’apaisement. Des organisations de la société civile dont la Fondation internationale pour l'observation et la surveillance des droits de l'homme et de la vie pacifique (FIDHOP) exhortent les institutions compétentes à examiner avec impartialité les recours introduits et à veiller à l’équité du processus.

En attendant, l’opposition annonce d’ores et déjà d’autres actions dans les semaines à venir pour continuer à exiger le rétablissement des leaders radiés dans leurs droits civiques.

Texte : SACRE Abel

Récit : Massi de GANHOUE