Dans le cadre d’Octobre Rose, mois de sensibilisation dédié à la lutte contre les cancers féminins, le Réseau des professionnels des médias pour la santé en Côte d’Ivoire (REPMASCI) a organisé, le vendredi 24 octobre 2025, une rencontre d’échanges aux Deux-Plateaux Angré, couplée à une campagne de sensibilisation sur les cancers du sein et du col de l’utérus.

Cette édition spéciale des « Rendez-vous du REPMASCI » a réuni plusieurs acteurs de la santé et de la communication. L’activité a été animée par le Dr Anoh Dolores N’daye, médecin de santé publique et cheffe du service communication au Programme national de lutte contre le cancer (PNLCa), accompagnée de M. Aka Hervé, secrétaire général de la Coalition des organisations de lutte contre le cancer en Côte d’Ivoire (COLCC-CI).

Prévention et dépistage : le message fort du Dr Anon Dolores N’daye Dans son intervention, le Dr Anon Dolores N’daye a insisté sur la nécessité de la prévention et du dépistage précoce, deux leviers essentiels pour vaincre les cancers féminins. Elle a rappelé que le cancer du sein et le cancer du col de l’utérus, détectés tôt, peuvent être guéris, et que les structures de santé ivoiriennes disposent désormais des équipements nécessaires à leur traitement.

La spécialiste a recommandé aux femmes de pratiquer l’auto-examen des seins dès 18 ans, de réaliser un examen clinique régulier auprès d’un professionnel de santé et de faire une mammographie à partir de 45 ans. Concernant le cancer du col de l’utérus, elle a souligné l’importance de la vaccination gratuite contre le papillomavirus (HPV) pour les filles de 9 ans et du dépistage régulier, permettant de détecter et traiter précocement les lésions précancéreuses grâce à la thermoablation. Le Dr N’daye a également mis en garde contre les pratiques d’hygiène intime dangereuses : « Le vagin se nettoie seul. Il ne faut rien y introduire dont on ignore les effets », a-t-elle insisté. Selon les chiffres du PNLCa, en 2022, la Côte d’Ivoire a enregistré 3 800 nouveaux cas decancer du sein pour 2 092 décès, et environ 2 300 cas de cancer du col de l’utérus, ayant entraîné 1 400 décès.

Aka Hervé appelle à une solidarité nationale contre le cancer Pour sa part, M. Aka Hervé, secrétaire général de la COLCC-CI, a salué l’initiative du REPMASCI et rappelé la nécessité d’une mobilisation collective face à la progression des cancers féminins. Il a encouragé les femmes à se faire dépister régulièrement, tout en invitant les hommes à soutenir et accompagner leurs épouses, sœurs et filles dans cette démarche. « Le dépistage sauve des vies. Même si le cancer est une maladie coûteuse, dépisté tôt, il se guérit », a-t-il affirmé.

Il a également lancé un plaidoyer à l’endroit des autorités pour une meilleure accessibilité des soins et une réduction du coût des traitements, afin que « le fardeau du cancer ne soit pas supporté par les seules familles touchées, mais par toute la nation ». Selon lui, il est essentiel de renforcer les campagnes de prévention, d’améliorer la prise en charge médicale et de doter les centres de santé d’équipements adéquats, pour offrir aux patients un meilleur espoir de guérison.

Le plaidoyer de Bintou Sanogo : les médias, piliers de la sensibilisation Prenant la parole, Mme Bintou Sanogo, présidente du Conseil d’administration du REPMASCI et du REMAPSEN, a salué la mobilisation des acteurs de la santé et des médias. Elle a rappelé le rôle crucial des journalistes dans la lutte contre le cancer à travers l’information, la sensibilisation et le plaidoyer. Elle a également présenté le projet de l’ONG Hop Life, engagée dans la lutte contre les cancers féminins, notamment à travers des actions de proximité. « Dans le cadre d’Octobre Rose, nous avons mené cette activité avec le groupe BMI pour sensibiliser le personnel et les riverains sur le cancer du sein et du col de l’utérus », a-t-elle indiqué.

Mme Sanogo a encouragé les femmes à se faire dépister sans crainte, et a exhorté les hommes à soutenir les femmes dans leurs démarches de santé. Elle a aussi invité les entreprises et les autorités à apporter un appui financier et logistique pour la prise en charge des malades, plaidant pour que la lutte contre le cancer devienne une cause nationale et partagée.

Cette rencontre empreinte d’émotion, d’enseignement et d’engagement collectif s’inscrit pleinement dans la dynamique d’Octobre Rose 2025, symbole d’espoir, de prévention et de solidarité. Elle confirme la volonté du REPMASCI et de ses partenaires de faire des médias un maillon essentiel dans la lutte contre les cancers féminins en Côte d’Ivoire.

Texte : Sacré Abel

Récit : Marie-Paule N'Guessan