Immigration : la Guinée, premier pays africain demandeur d’asile en France
Le rapport annuel de l’Office français de protection des réfugiés et des apatrides (OFPRA) publié le 20 juin 2025
Le rapport annuel de l’Office français de protection des réfugiés et des apatrides (OFPRA) publié le 20 juin 2025 a révélé qu’avec plus de 11 336 demandes enregistrées en 2024, la Guinée se classe comme le premier pays africain d’origine des demandeurs d’asile en France.
Selon les données de l’OFPRA, ce chiffre marque une hausse spectaculaire de 47,8 % par rapport à l’année précédente. Sur le plan mondial, la Guinée se hisse au troisième rang derrière l’Afghanistan et l’Ukraine, dépassant ainsi des pays frappés par des conflits majeurs comme le Soudan et l’Haïti.
Ce mouvement migratoire de grande ampleur s’explique selon l’agence française par la répression du pouvoir militaire guinéen. En effet, depuis le coup d’Etat du 5 septembre 2021 mené par le général Mamadi Doumbouya et son Comité national du rassemblement pour le développement (CNRD), la situation en Guinée est marquée par un durcissement du régime. L’OFPRA a indiqué que les demandeurs d’asile guinéens invoquent plus ‘’le blocus politique et démocratique’’ mis en place par le pouvoir militaire.
Ce climat répressif n’est pas nouveau. Dès 2015, l’Office enregistrait déjà des demandes liées aux violences politiques, notamment de la part des militants de l’Union des forces démocratiques de Guinée (UFDG), principal parti d’opposition. Ces dernières années, les membres du Front national pour la défense de la Constitution (FNDC), un mouvement citoyen opposé au troisième mandat de l’ancien président guinéen Alpha Condé, ont également été ciblés par la répression. L’institution note une évolution qualitative de ces demandes, qui traduisent une radicalisation du pouvoir et une perte progressive de l’espace civique.
Autre élément préoccupant mis en lumière par l’OFPRA : la forte augmentation du nombre de femmes guinéennes sollicitant l’asile. Ces femmes, souvent jeunes, disent fuir les violences sexuelles, les persécutions liées au genre, et l’impunité des agresseurs dans un pays où la condition féminine reste fragile.
La Guinée, bien que ne connaissant pas de conflit armé ouvert, traverse une crise politique et institutionnelle profonde qui pousse une partie de sa population, notamment la jeunesse et les militants engagés, à chercher refuge ailleurs.
Dans le rapport annuel 2024 de l’OFPRA, la Côte d’Ivoire se positionne au troisième rang après la République démocratique du Congo (RDC), deuxième pays africain demandeur d’asile en France.
Texte : Mina Tiéporogadana DEMBELE
Récit : Massi de GANHOUE
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