SANTÉ / COP11 de la lutte antitabac : 4 500 milliards de mégots polluent la planète chaque année, alerte l’OMS.

SANTÉ / COP11 de la lutte antitabac : 4 500 milliards de mégots polluent la planète chaque année, alerte l’OMS.

Un fléau environnemental invisible mais colossal. Chaque année, 4 500 milliards de mégots de cigarette sont jetés dans la nature, selon l’Organisation mondiale de la santé.


Un fléau environnemental invisible mais colossal. Chaque année, 4 500 milliards de mégots de cigarette sont jetés dans la nature, selon l’Organisation mondiale de la santé. Hautement toxiques, composés de plastique et chargés de substances chimiques, ils représentent l’un des déchets les plus répandus au monde. Non biodégradables, ils contaminent les sols, les océans et aggravent la pollution plastique.

C’est dans ce contexte alarmant que s’est ouverte, le 17 novembre 2025 à Genève, la 11ᵉ Conférence des Parties (COP11) à la Convention-cadre de l’OMS pour la lutte antitabac, réunissant plus de 1 400 délégués de 162 pays. Les travaux se poursuivent jusqu’au 22 novembre, avec un sujet central : l’interdiction des filtres de cigarettes, responsables d’une pollution massive.

Le filtre, un faux allié sanitaire, un vrai désastre écologique

Longtemps perçu comme un élément protecteur, le filtre est désormais au cœur de la controverse. Les études l’affirment : il ne réduit en rien la toxicité du tabac. Pire encore, il serait un outil marketing, comme le souligne Alexandre Golan, du collectif CAP 0 Mégot : « Le filtre ne sert qu’à augmenter la fumabilité. Il rend la cigarette plus agréable en bouche. » Résultat : une consommation facilitée… et une pollution exponentielle. Des arguments qui poussent de plus en plus d’experts à plaider pour son interdiction pure et simple.

Vingt ans de lutte antitabac passés au crible

La journée d’ouverture a donné lieu à un dialogue stratégique de haut niveau, revenant sur deux décennies de mise en œuvre de la Convention-cadre. Adopté en 2003, ce premier traité international de santé publique sous l’égide de l’OMS compte aujourd’hui 183 Parties, faisant de lui l’un des instruments les plus rapidement ratifiés de l’histoire des Nations Unies.

Andrew Black, Chef par intérim du Secrétariat de la Convention, a rappelé les enjeux : « La COP11 offre l’occasion d’examiner des questions cruciales, de la protection de l’environnement aux mesures de prévention de la consommation de tabac et de l’addiction nicotinique. »

Jeunes et nicotine : une urgence croissante

Autre sujet majeur de cette édition : la montée fulgurante de la dépendance à la nicotine chez les jeunes. Lors d’une table ronde ministérielle organisée par la Belgique, les participants ont analysé les stratégies nationales pour freiner l’essor des cigarettes électroniques et autres nouveaux produits nicotiniques, omniprésents sur le marché et souvent attractifs pour les adolescents.

Un thème fédérateur : “Vingt ans sous le signe du changement”

Placée sous le thème « rassembler les générations pour un avenir sans tabac », la COP11 aborde cette année un large éventail de mesures destinées à renforcer la lutte antitabac mondiale, tant sur le plan sanitaire qu’environnemental.

La conférence sera suivie, du 24 au 26 novembre, par la quatrième Réunion des Parties au Protocole pour éliminer le commerce illicite des produits du tabac, un volet essentiel dans la lutte contre un marché parallèle qui alimente la consommation mondiale.

Texte et récit : Marie-Paule N’GUESSAN