La Côte d'Ivoire, pays phare de l'Afrique de l'Ouest, traverse une période politique sensible, marquée par des décisions qui pourraient fragiliser davantage la cohésion nationale. L'exclusion politique de figures emblématiques telles que Laurent Gbagbo, Guillaume Soro et Charles Blé Goudé, ainsi que la perspective d'un quatrième mandat réclamé par certains caciques du Rassemblement des houphouëtistes pour la démocratie et la paix (RHDP) pour le président Alassane Ouattara, posent des défis majeurs à la stabilité du pays.

Le spectre de l'exclusion politique

L'une des grandes forces d'une démocratie est l'inclusivité. Or, la mise à l'écart de personnalités politiques influentes comme Gbagbo, Soro et Blé Goudé sape cette dynamique. Ces leaders, qu'on les aime ou non, représentent des courants d'opinion significatifs au sein de la société ivoirienne. Leur exclusion systématique crée un climat de méfiance et nourrit un sentiment d'injustice parmi leurs partisans, exacerbant ainsi les divisions sociales et régionales.

Cette stratégie d'isolement n'est pas sans rappeler les erreurs du passé, où l'absence de dialogue inclusif a conduit à des crises meurtrières. La démocratie, par essence, repose sur la confrontation pacifique des idées et sur la représentativité. Priver une partie de la population de ses leaders politiques, c’est prendre le risque de la marginaliser et de nourrir des frustrations qui pourraient dégénérer.

Le mythe du mandat déguisé

Le débat sur un éventuel quatrième mandat pour Alassane Ouattara fait également peser une lourde menace sur la stabilité politique. Bien que la Constitution ait été révisée en 2016, permettant théoriquement un "nouveau départ", l'idée même d'un quatrième mandat résonne comme un affront aux principes démocratiques. Les partisans du RHDP, en réclamant avec insistance cette prolongation du pouvoir, risque de miner la crédibilité des institutions et d'ouvrir la voie à des contestations violentes.

De plus, l’idée d’un mandat déguisé en "nouveau départ" est perçue par beaucoup comme un subterfuge pour contourner la limitation constitutionnelle. Ce genre de stratégie alimente le ressentiment et la perte de confiance envers les institutions étatiques. Or, dans un pays déjà marqué par des décennies de conflits politiques et ethniques, la légitimité du pouvoir est cruciale pour la paix sociale.

Quelle voie pour la paix et la stabilité ?

Pour éviter de replonger dans le chaos, la Côte d'Ivoire doit urgemment miser sur l'inclusivité politique et la transparence démocratique. La réconciliation nationale doit aller au-delà des mots et se traduire par des actes concrets, tels que le rétablissement des droits civiques des leaders politiques exclus et un débat franc sur l'alternance politique.

Quant à la question du quatrième mandat, il est impératif que le président Ouattara, en homme d'État conscient des défis historiques, privilégie l'intérêt supérieur de la nation à l'ambition personnelle ou partisane. Garantir la stabilité passe par le respect des engagements pris et par l'organisation d'élections transparentes et ouvertes à tous.

En conclusion, nous diront que la Côte d'Ivoire a un choix crucial à faire : poursuivre dans la voie de l'exclusion et du pouvoir à tout prix, ou ouvrir un nouveau chapitre fondé sur l'inclusivité et la démocratie. Les leçons du passé sont encore vives, et il appartient aux acteurs politiques d'éviter les écueils d'un pouvoir trop centralisé et exclusif. Le peuple ivoirien mérite une gouvernance qui reflète sa diversité et protège sa paix durement acquise.
Texye : SACRE Abel 
Récit : Marie-Paule N'GUESSAN