Après le Coup d’Etat d'août 2020 qui a vue l’arrivée d’Assimi Goïta au pouvoir au Mali, le pays est sous un régime de transition. Les militaires au pouvoir avaient promis débarrasser le pays du terrorisme qui y sévir depuis plus de dix ans avant d’organiser des élections et rétablir l’ordre constitutionnel.

La date choisie pour la présidentielle était le 26 mars 2024. Mais aujourd'hui 04 avril 2024, il n’y a pas d’élection au pays de Modibo Kéita.

Décryptage

Le Conseil national de transition (CNT) qui dirige le pays, estiment que la charte de la transition promulguée en septembre 2020, prévoit que la transition ne prend fin qu'après l'élection d'un nouveau président. La nouvelle Constitution promulguée en juillet 2023 va dans le même sens. Des partis politiques et organisations de la société civile dénoncent une situation de « vide juridique et institutionnel » et demandent l'organisation, « dans les meilleurs délais ». Les plus vindicatifs d’entre les forces pro-démocratie rappellent que les autorités actuelles sont issues d'un coup d'État militaire, qu'elles n'ont jamais été élues ni choisies d'une quelconque manière, et que leur seule légitimité n'est donc que celle des armes.

De leur côté, les militaires au pouvoir plaident pour leur maintien en louant leur travail et en expliquant que la « mission » qu'ils se sont attribuées (c’est-à-dire sécuriser le pays en le débarrassant du terrorisme) n'est pas encore terminée.

Un militaire est-il ennemi de la démocratie ?

La démocratie peut se définir comme tout système politique dans lequel le peuple est souverain. Partant de cette définition, toute personne, qu’elle soit militaire ou civile peut être démocrate. George Washington, militaire putschiste aux Etats-Unis d’Amérique entre le 30 avril 1789 et le 4 mars 1797, a fait adopter une constitution dans son pays, qui dure jusqu’aujourd’hui.  Cette constitution du putschiste fait des USA, le pays le plus démocratique au monde ! Charles de Gaulle ou le général de Gaulle est l’initiateur de la 5^e république en France.  Et pourtant, il a été militaire putschiste.  Paul Kagamé au Rwanda, Thomas Sankara au Burkina Faso, Jerry Rawlings au Ghana etc. sont des symboles de l’éveil souverainiste dans leur pays bien qu’ils aient été militaires putschistes ou rebelles.  

Que retenir ?

Si en Ukraine la population et même la communauté internationale accepte qu’il n’y ait pas d’élection à cause de la guerre contre la Russie, pourquoi pas au Mali, le temps que les militaires se débarrassent du terrorisme avant de penser aux élections auxquelles tous les Maliens pourraient prendre part ?

Texte : SACRE Abel

Voix : Albain ADE