Le président français Emmanuel Macron est une nouvelle fois contraint de remanier la tête de son gouvernement, avec la nomination imminente d’un quatrième Premier ministre à moins d’un an. François Bayrou, nommé à Matignon en décembre 2024, a été évincé à l’issue d’un vote de défiance sans appel à l’Assemblée nationale. Le 8 septembre 2025, 364 députés se sont prononcés contre lui, tandis que seulement 194 lui ont renouvelé leur confiance. Ce revers cinglant, qui scelle la fin de son passage à la tête du gouvernement, illustre l’instabilité croissante au sommet de l’exécutif dans un climat politique de plus en plus tendu.

A l’âge de 74 ans, le leader centriste paie le prix d’un pari politique risqué basé sur l’obtention du soutien du Parlement pour un plan de rigueur budgétaire destiné à réduire les dépenses publiques. Le vote de confiance qu’il avait sollicité s’est transformé en rejet massif, révélant l’isolement grandissant du pouvoir dans une Assemblée profondément fragmentée. Cette nouvelle crise gouvernementale met une fois encore en lumière les difficultés d’Emmanuel Macron à maintenir une ligne politique cohérente et à rassembler autour de son projet.

Depuis sa réélection en 2022, le chef de l’Etat français doit composer avec une majorité relative qui complique chaque initiative législative. L’exécutif se voit contraint à des compromis incessants, souvent mal vécus tant par les rangs présidentiels que par l’opposition. Ce contexte parlementaire instable rend la gouvernance particulièrement précaire, et les remaniements successifs n’ont jusqu’ici pas permis d’inverser la tendance.

François Bayrou succédait à Gabriel Attal, démissionnaire en septembre 2024, lui-même remplacé par Michel Barnier, évincé à son tour trois mois plus tard. Aucun des trois n’a réussi à incarner un cap durable, chacun se heurtant à la même réalité ; celle d’un pays fracturé, d’un Parlement éclaté, et d’une présidence de plus en plus isolée. 

Officiellement motivés par des divergences de méthode ou la nécessité d’un renouvellement, leur départ successif traduit surtout une impuissance croissante à gouverner dans un système institutionnel mis à rude épreuve.

L’Elysée, qui disposait de deux semaines pour anticiper l’issue du vote de défiance, a toutefois indiqué qu’un nouveau Premier ministre serait nommé dans les prochains jours, une fois la démission du gouvernement formellement acceptée le 9 septembre 2025.

Texte : Mina Tiéporogadana DEMBELE
Récit : Massi de GANHOUE