Le football camerounais, abonné aux rebondissements, vient de vivre un nouveau séisme : le sélectionneur belge Marc Brys a été démis de ses fonctions le lundi 1er décembre 2025 par la Fédération camerounaise de football (FECAFOOT), à seulement vingt jours du coup d’envoi de la Coupe d’Afrique des Nations (CAN) au Maroc. Cette décision, bien que brutale dans son timing, n'est que la conclusion attendue d'une guerre froide larvée. Depuis son arrivée en mai 2024, la relation entre le technicien belge et Samuel Eto'o, président de la FECAFOOT réélu et très médiatisé, était notoirement glaciale.

Eto'o avait donné le ton de son second mandat : « Aucun joueur, aucun entraîneur ne sera plus au-dessus du Cameroun. » Une pique qui visait clairement Brys, dont la nomination par le ministère des Sports avait déjà mis le feu aux poudres en court-circuitant l'autorité de la Fédération. Le sélectionneur n'a pas survécu à ce conflit d'influence permanent entre les deux instances. Sur le plan purement sportif, le bilan de Brys était en demi-teinte. Malgré une qualification pour la CAN, les Lions Indomptables n'ont terminé que deuxièmes derrière le Cap-Vert lors des éliminatoires de la Coupe du Monde, s'inclinant de manière décevante en demi-finales des barrages face à la République démocratique du Congo (RDC).

Dans son communiqué, la FECAFOOT a invoqué les mauvais résultats mais a également ciblé des actes et des propos irrévérencieux et de multiples incidents pour justifier ce licenciement soudain, laissant entendre que la discorde dépassait le cadre du terrain. En urgence, David Pagou, l'adjoint numéro deux, a été propulsé à la tête de la sélection. Sa première mission, la publication de la liste des 28 joueurs pour la CAN, a immédiatement marqué une rupture radicale.

Pagou a opéré des choix forts et clivants, écartant des cadres historiques comme le capitaine Vincent Aboubakar, le vice-capitaine Frank Zambo Anguissa et le gardien André Onana, pour miser audacieusement sur la jeunesse. Alors que le ministère des Sports n'a pas encore réagi, le Cameroun se retrouve dans une nouvelle zone de turbulences avant une compétition majeure, un scénario dont il a le secret. La saga est peut-être loin d'être terminée.

Texte et Récit : Sam Rivers