Dans une lettre adressée à son homologue camerounais Paul Biya et rendue publique le mardi 12 août 2025, le président français Emmanuel Macron a officiellement reconnu que la France avait mené une guerre au Cameroun contre les mouvements indépendantistes, avant et après l’indépendance du pays en 1960. Le chef de l’Etat français admet que ce conflit, longtemps nié ou minimisé dans les récits officiels, a été marqué par des « violences répressives de nature multiple » exercées par les autorités coloniales et l’armée française.

Cette reconnaissance s’appuie sur les conclusions d’un rapport d’historiens remis à l’Elysée en janvier 2025. D'une épaisseur de plus de 1 000 pages, ce document confirme l’existence d’un conflit armé prolongé et d’une répression systématique.

Ecoutons la lecture du contenu de ce courrier adressé au président camerounais par son homologue français, le 30 juillet 2025

Emmanuel Macron y reconnaît la responsabilité directe de l’armée française dans l’assassinat de plusieurs figures majeures de la lutte indépendantiste camerounaise. Il souligne également que la guerre ne s’est pas arrêtée avec l’indépendance : la France a continué à soutenir les autorités camerounaises nouvellement en place, elles aussi engagées dans la répression des opposants.

Le rapport des historiens a été remis au président Paul Biya à Yaoundé le 28 janvier 2025, une semaine après avoir été présenté au président français. Ce geste s’inscrit dans la continuité des initiatives mémorielles lancées par Emmanuel Macron, qui entend revisiter le rôle de la France dans certaines pages sombres de son histoire, notamment le génocide des Tutsis au Rwanda ou la guerre d’Algérie. L’objectif affiché est d’apaiser les tensions mémorielles et de redéfinir les relations entre la France et ses anciennes colonies africaines.

Cependant, cette démarche intervient dans un contexte de plus en plus tendu. Sur le continent africain, et particulièrement au Sahel, l’influence française est fortement contestée. Entre ressentiment postcolonial, montée des sentiments anti-français et recomposition des alliances géopolitiques, la position de la France en Afrique apparaît fragilisée. Néanmoins, cette reconnaissance marque une étape significative dans la démarche mémorielle entreprise par le président français. Elle ouvre un nouveau chapitre dans les relations franco-camerounaises, en posant les bases d’un échange fondé sur la reconnaissance des faits historiques.

Texte : Mina Tiéporogadana DEMBELE

Récit : Massi de GANHOUE