Editorial / Côte d’Ivoire : la proclamation des candidats par le Conseil constitutionnel, entre légalité et enjeux politiques

Editorial / Côte d’Ivoire : la proclamation des candidats par le Conseil constitutionnel, entre légalité et enjeux politiques

Editorial / Côte d’Ivoire : la proclamation des candidats par le Conseil constitutionnel, entre légalité et enjeux politiques

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​​​​​​​Le Conseil constitutionnel a rendu publique, ce lundi 8 septembre 2025

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11 Août 2025


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Le Conseil constitutionnel a rendu publique, ce lundi 8 septembre 2025, la liste définitive des candidats retenus pour l’élection présidentielle d’octobre. Cinq personnalités politiques ont franchi l’étape décisive : Alassane Ouattara, président sortant, Jean-Louis Billon, Simone Ehivet Gbagbo, Ahoua Don Mello et Henriette Lagou. Cette proclamation, au-delà de la validation juridique, marque l’entrée officielle du pays dans une nouvelle phase du processus électoral, où se croisent enjeux de légitimité, équilibres politiques et attentes sociales.

Une étape juridique décisive

La proclamation du Conseil constitutionnel constitue un moment clé dans la vie démocratique. Elle tranche définitivement sur la recevabilité des dossiers de candidature et met fin aux incertitudes qui entouraient certains postulants. Elle rappelle également que la présidentielle en Côte d’Ivoire reste une élection fortement encadrée par le droit, où la question de l’éligibilité peut devenir un champ de bataille politique.

Le choix des cinq retenus traduit une lecture stricte de la Constitution et des lois électorales. Mais au-delà de l’aspect technique, chaque validation porte une charge symbolique : elle confère une légitimité institutionnelle à des acteurs politiques qui incarnent, chacun à sa manière, une mémoire et un projet pour le pays.

Des candidatures aux résonances différentes

Les profils retenus reflètent la pluralité de l’espace politique ivoirien.

Alassane Ouattara, président sortant, mise sur la continuité et sur son bilan économique et infrastructurel. Sa candidature est toutefois perçue par une partie de l’opinion comme un pari risqué, dans un contexte de débats persistants sur l’alternance générationnelle.

Jean-Louis Billon, figure du Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI), incarne une option de renouvellement au sein de l’opposition traditionnelle, avec un discours axé sur l’économie et la gouvernance.

Simone Ehivet Gbagbo, ancienne Première dame et cofondatrice du FPI, revient sur le devant de la scène en portant le flambeau d’une mémoire politique encore vivace chez une frange importante de l’électorat.

Ahoua Don Mello, ancien proche de Laurent Gbagbo, se positionne comme un candidat de rupture, ancré dans une critique du modèle économique libéral.

Henriette Lagou, seconde femme en lice, donne à l’élection une dimension de représentation de genre, même si son poids électoral reste difficile à mesurer.

Des enjeux politiques majeurs

La sélection de ces candidatures ouvre une campagne qui s’annonce âpre. Les questions qui domineront le débat concernent la capacité à incarner le changement, la gestion des fractures sociales et politiques héritées des crises passées, ainsi que la réponse aux attentes des jeunes et des femmes, qui constituent la majorité de l’électorat.

Le Conseil constitutionnel, en validant cette configuration, place la compétition dans un cadre pluraliste, mais où l’équilibre des forces reste inégal. La présence du président sortant face à une opposition éclatée soulève la question de la recomposition politique et des alliances de circonstance.

Entre légalité et légitimité

Si la décision du Conseil constitutionnel est juridiquement incontestable, elle n’efface pas les débats de fond sur la légitimité politique. La participation d’acteurs historiques, parfois marqués par des clivages anciens, pose la question du renouvellement de la classe dirigeante. Elle met aussi en évidence la tension entre stabilité institutionnelle et aspiration au changement.

En définitive, la proclamation des candidats n’est pas seulement un acte juridique. C’est aussi un révélateur des équilibres et des contradictions qui traversent la scène politique ivoirienne. Elle ouvre une campagne où se jouera, au-delà du choix d’un président, la capacité du pays à consolider sa démocratie et à répondre aux attentes d’une société en quête de justice sociale, de cohésion et de perspectives nouvelles.

Texte : SACRE Abel 
RFécit : Massi GANHOUE