Le 20 mars 2025, un décret officiel des autorités françaises a confirmé la renonciation de Tidjane Thiam à sa nationalité française, une démarche essentielle pour sa candidature à l'élection présidentielle en Côte d'Ivoire, prévue en octobre 2025.

Cette décision de Tidjane Thiam, ancien ministre et ex-dirigeant du Crédit Suisse, qui répond aux exigences constitutionnelles du pays, suscite de vives réactions et met en lumière les débats autour de la double nationalité et de l'identité politique ivoirienne.

La Constitution ivoirienne stipule que tout candidat à la présidence doit être exclusivement de nationalité ivoirienne et né de parents ivoiriens d'origine. Cette disposition, souvent source de controverse, trouve ses racines dans les crises politiques du passé, notamment celles des années 1990 ou 2000 où la notion d'« ivoirité » a été utilisée pour exclure certains candidats.

En renonçant à la nationalité française, le président du Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI) envoie un message clair sur son engagement envers son pays et sa volonté de se conformer aux règles en vigueur.

 Il cherche ainsi à désarmer ses opposants qui utilisaient sa double nationalité comme un argument pour remettre en cause sa légitimité.

Ce débat autour de la nationalité ne date pas d'aujourd'hui. En 2000 la question a été remise sur la table contre l’actuel chef d’Etat ivoirien Alassane Ouattara, avant d’être finalement réglée en 2010 par un décret spécial de l’ex-président Laurent Gbagbo alors qu’il était au pouvoir, pour permettre à son adversaire politique de se présenter à la présidentielle.

Bien que Tidjane Thiam ait renoncé à sa nationalité française, ses détracteurs le jugent déconnecté des réalités locales, tandis que ses partisans y voient un leader capable de revitaliser l'opposition et d'offrir une alternative crédible au pouvoir en place.

Le PDCI, parti historique dont il est le leader, tente de se repositionner face au Rassemblement des Houphouëtistes pour la démocratie et la paix (RHDP) d'Alassane Ouattara, qui domine la scène politique depuis plusieurs années.

L'issue de cette élection reste incertaine, mais une chose est sûre : la question de l'identité nationale et de l'éligibilité des candidats continuera d'alimenter les débats en Côte d'Ivoire.

Texte et récit : Silvere BOSSIEI