Au Royaume-Uni, une nouvelle souche de la grippe A (H3N2) circule intensément ces dernières semaines, provoquant une hausse inhabituelle et précoce des cas. Plus contagieux, plus sévère et touchant majoritairement les enfants et jeunes adultes, ce variant suscite une vigilance accrue depuis son identification, rapportée notamment dans le British Medical Journal. Depuis début novembre, une personne sur deux déclare souffrir de fièvre, toux ou symptômes grippaux, alimentant l’inquiétude du grand public. Le H3N2 se transmet très efficacement par les gouttelettes respiratoires et par contact avec des surfaces contaminées, rendant sa propagation particulièrement rapide.

Un virus qui a accumulé sept mutations durant l’été

Les scientifiques britanniques avertissent que ce H3N2 a acquis sept mutations clés au cours de l’été 2025, le distinguant nettement de la souche intégrée dans le vaccin de la saison actuelle. « Le virus grippal A (H3N2) en circulation présente des modifications importantes par rapport à la souche vaccinale », précise Antonio Ho, maître de conférences et consultant en maladies infectieuses à l’Université de Glasgow. Selon le virologue belge Steven Van Gucht, ce variant contourne plus facilement l’immunité, ce qui augmente la probabilité d’infection. Il nuance toutefois : les symptômes restent similaires, même si « une aggravation » de la fièvre et des douleurs musculaires a « parfois été observée ».

Un vaccin toujours protecteur contre les formes graves

Bonne nouvelle : malgré cette dérive antigénique, les experts confirment que le vaccin antigrippal continue de protéger efficacement contre les formes graves, comme les années précédentes. « Malgré cette dérive, la vaccination demeure la mesure la plus efficace pour prévenir les formes graves et réduire la pression hospitalière », rappelle le Pr Peter Palese, directeur du Centre d’excellence GVN à l’École de médecine Icahn du Mont Sinaï (New York). En France, le bulletin de Santé publique France du 19 novembre 2025 indique que la circulation grippale demeure au niveau de base dans toutes les régions, sauf Mayotte, entrée en phase pré-épidémique depuis la semaine 44.

Un début d’épidémie plus tôt que prévu en Europe

Le 20 novembre 2025, le Centre européen de prévention et de contrôle des maladies (ECDC) a alerté sur un démarrage anticipé de l’épidémie. Les cas de grippe sont détectés trois à quatre semaines plus tôt que lors des deux dernières saisons dans l’Union européenne et l’Espace économique européen. Cette accélération est attribuée à l’émergence du sous-clade K du H3N2, qui circule activement au Royaume-Uni, mais aussi en Europe, au Japon et en Amérique du Nord. Le même jour, le 20 novembre, le Global Virus Network (GVN) a également signalé une hausse hebdomadaire notable des infections, indiquant une propagation mondiale accélérée. Les mutations observées pourraient favoriser une transmissibilité accrue et un échappement immunitaire partiel.

Dans un contexte où les virus continuent d’évoluer plus vite que les saisons, une réalité persiste : la vigilance collective et la vaccination demeurent nos meilleurs remparts. Face au H3N2, la bataille se joue autant dans les laboratoires que dans les gestes quotidiens, et c’est maintenant, plus que jamais, que chacun peut contribuer à freiner sa course.

Texte et récit : Marie-Paule N’GUESSAN