Douze policiers tunisiens ont été condamnés à deux ans de prison pour homicide involontaire à la suite du décès d'Omar Laabidi, jeune supporter de football âgé de 19ans, mort noyé après un match en mars 2018. La sentence a été prononcée le jeudi 03 novembre 2022 par le tribunal de première instance de Tunis. Une affaire qui reflèterait la symbolique d'un abus de force.

Au total 14 policiers en liberté, ont été accusés d'avoir poursuivi un groupe de fans du Club africain de Tunis, jusqu'à un petit cours d'eau proche du stade de Radès, impliqués dans des échauffourées avec d'autres supporter.

Selon des témoins, le jeune Omar Laabidi, aurait été frappé par des policiers puis poussé vers le cours d'eau. À cet effet 16 ONG tunisiennes et internationales dont Amnesty International se sont exprimées. « Le rapport médico-légal préliminaire fait état de deux hématomes majeurs relevés sur le corps de la victime, l'un à la cuisse et l'autre au thorax. Ces deux hématomes étaient manifestement la conséquence de coups de matraque ».

Ces organisations avaient appelé les autorités tunisiennes à réformer en profondeur les services de sécurité, dénonçant de graves violations des droits humains commises par des policiers et restées impunies.

D’après une note de Ghazi Mrabet à l'Agence France Presse, deux autres policiers sur les quatorze poursuivis dans cette affaire, ont obtenu un non-lieu. « C’est une mascarade de justice », a-t-il dénoncé. Dans la suite de ses propos, l'avocat Ghazi Mrabet ajoute que la famille de la victime va interjeter en appel.

Le corps du jeune homme avait été repêché le lendemain à environ trois kilomètres du stade de Radès. Son frère a accusé les policiers de l'avoir poussé à se jeter à l'eau.

Le drame avait eu lieu le 31 mars après un match entre le Club africain et l'Olympique de Médenine. Selon la Ligue tunisienne des droits de l'Homme qui a dénoncé une « impunité » de la police, 14 jeunes ont été tués ces dernières années lors d'affrontements avec les forces de l'ordre. Des ONG et l'opposition ont accusé les services de sécurité de recourir à des méthodes rappelant celles de l'Etat policier sous la dictature de Zine el Abidine ben Ali, depuis que le président Kais Saied s'est arrogé les pleins pouvoirs en juillet 2021.

Notons que la décision du tribunal peut faire l'objet d'un recours devant les instances judiciaires supérieures dans un délai maximum de dix jours, conformément à la loi tunisienne.

Texte : Charles KOUAKOU

Voix : Charles KOUAKOU