Guinée: opposition surveillée, 53 partis liquidés par le gouvernement de transition

 Guinée: opposition surveillée, 53 partis liquidés par le gouvernement de transition

En fin de journée du lundi 28 octobre 2024, les autorités guinéennes ont annoncé la dissolution de plusieurs dizaines de partis politiques et la mise sous surveillance de deux grands partis d'opposition.


En fin de journée du lundi 28 octobre 2024, les autorités guinéennes ont annoncé la dissolution de plusieurs dizaines de partis politiques et la mise sous surveillance de deux grands partis d'opposition. Cette décision intervient alors que le gouvernement de transition n'a toujours pas fixé de date pour les élections.

Depuis 2021, la Guinée est sous un régime militaire suite à l'éviction du président Alpha Condé. Le bloc régional de la Communauté économique des États de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO) a exercé des pressions pour un retour à un régime civil, avec des élections prévues pour 2025.

La dissolution de 53 partis et la surveillance de deux (2) autres pour une durée de trois mois sont des mesures sans précédent dans le pays, qui a tenu ses premières élections démocratiques en 2010 après une longue période d'autoritarisme. Le ministère de l'Administration du territoire et de la Décentralisation a justifié cette surveillance par le non-respect des délais pour la tenue des congrès et l'absence de relevés bancaires de certains partis.

Le Rassemblement du peuple guinéen, lié à l'ancien président Alpha Condé, et l'Union des forces démocratiques de Guinée sous surveillance pourront continuer à fonctionner, mais devront rectifier les irrégularités relevées.

La Guinée fait partie d'un nombre croissant de pays d'Afrique de l'Ouest, comme le Mali, le Niger et le Burkina Faso, où les militaires ont pris le pouvoir, retardant ainsi le retour à un régime civil. En début d'année 2024, la junte militaire du Burkina Faso a prolongé son mandat de transition de cinq ans.

Le colonel Mamadi Doumbouya, qui a pris le pouvoir il y a trois ans, a justifié son coup d'État en affirmant qu'il voulait éviter le chaos et reprochant au gouvernement d’Alpha Condé de ne pas avoir respecté ses engagements. Cependant, certains observateurs lui reprochent de ne pas être plus efficace que son prédécesseur. En février, il a dissous le gouvernement sans explication, annonçant la formation d'un nouveau cabinet.

Mamadi Doumbouya a rejeté les tentatives d'intervention de l'Occident dans les affaires politiques africaines, déclarant que les Africains sont "épuisés par les catégorisations" qui cherchent à les enfermer dans des rôles prédéfinis.

Texte et voix : Silvère BOSSIEI