Ouvertes le 25 novembre 2025, les audiences du procès de Mahamat Saïd Abdel Kani touchent désormais à leur terme devant la Cour pénale internationale (CPI). L’ancien cadre de la coalition Séléka (groupe rebelle en République centrafricaine), jugé depuis plus de trois ans, est accusé d’avoir orchestré en 2013 une série d’arrestations arbitraires, de tortures et de persécutions au sein de l’Office central de répression du banditisme (OCRB) à Bangui.

Selon le bureau du procureur, la position qu’il occupait à la tête de ce centre de détention aurait rendu possibles des violences systématiques, décrites au fil des audiences par 58 témoins. La défense, elle, conteste fermement ces accusations. Mahamat Saïd assure être victime d’une lecture tronquée des événements et nie toute responsabilité dans les crimes allégués. Ses avocats dénoncent un récit « partiel et éloigné de la réalité » du chaos qui prévalait en Centrafrique en 2013, au moment où la prise de pouvoir de la Séléka avait déclenché une spirale de représailles avec les milices anti-balaka.

A l’approche de nouvelles échéances électorales, le procureur adjoint Mandiaye Niang a rappelé, dans sa plaidoirie, l’importance de ce procès pour un pays qui tente encore de refermer les plaies de la guerre. La justice internationale, insiste-t-il, doit réaffirmer qu’aucune lutte pour le pouvoir ne peut justifier les brutalités infligées aux civils. Les représentants des 32 victimes se joignent à cet appel et réclament eux aussi une condamnation.

Poursuivi pour crimes contre l’humanité et crimes de guerre, le verdict du procès de Mahamat Saïd Abdel Kani est très attendu. Il pourrait marquer un tournant dans la lutte contre l’impunité en Centrafrique et clore l’un des dossiers les plus emblématiques traités par la CPI ces dernières années.

Texte : La plume de la Bagoué

Récit : Marie-Paule N’GUESSAN