Quelques jours après la nomination du Premier ministre Herintsalama Rajaonarivelo, Madagascar a formé, mardi 28 octobre 2025, un nouveau gouvernement composé de vingt-neuf membres, majoritairement civils. Cette équipe, chargée de « sortir le pays de la crise », mêle visages inconnus et retours de figures politiques aguerries.

Parmi les personnalités marquantes, Hanitriniaina Razafimanantsoa, fidèle de l’ancien maire et septième président malgache Marc Ravalomanana, devient ministre d’Etat auprès de la Présidence, chargée de la Refondation, un portefeuille dont les contours demeurent encore flous. Christine Razanamahasoa, ancienne proche d’Andry Rajoelina et ex-présidente de l’Assemblée nationale, hérite des Affaires étrangères. Le général Lylison, acteur central du coup d’Etat de 2009, prend la tête du ministère de l’Aménagement du territoire, tandis que Fanirisoa Ernaivo, ancienne magistrate et opposante en exil, se voit confier la Justice, avec pour mission prioritaire la lutte contre la corruption.

Le colonel Michaël Randrianirina, chef du régime, a donné deux mois aux ministres pour faire leurs preuves, sous peine de remplacement. Cette mise en garde n’a cependant pas dissipé les réserves suscitées par la composition du gouvernement. Plusieurs observateurs dénoncent la présence de figures issues de l’ancien régime et s’interrogent sur la sincérité de la promesse d’un « gouvernement de sobriété ».

Au sein de la jeunesse malgache, les réactions oscillent entre déception et prudence. La Génération Z (Gen Z), moteur du changement politique, n’a été consultée ni pour la nomination du Premier ministre ni pour celle des nouveaux ministres. Beaucoup regrettent le retour de « dinosaures politiques », tout en reconnaissant une certaine volonté de renouvellement. D’autres se montrent plus sceptiques, redoutant que le recyclage d’anciens responsables et les risques de conflits d’intérêts ne compromettent toute véritable rupture. Tous appellent à davantage de transparence, notamment à travers la publication rapide des fiches de poste ministérielles, afin que la refondation annoncée ne reste pas un simple slogan.

Texte : La plume de la Bagoué

Récit : Marie-Paule N’GUESSAN