Editorial du mardi 25 mars 2025 / Côte d’Ivoire : les risques de l’absence des leaders politiques de premier rang sur la liste électorale provisoire

Editorial du mardi 25 mars 2025 / Côte d’Ivoire : les risques de l’absence des leaders politiques de premier rang sur la liste électorale provisoire

Editorial du mardi 25 mars 2025 / Côte d’Ivoire : les risques de l’absence des leaders politiques de premier rang sur la liste électorale provisoire

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La publication de la liste électorale provisoire en Côte d'Ivoire le lundi 17 mars a ravivé les tensions politiques

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25 Mars 2025


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La publication de la liste électorale provisoire en Côte d'Ivoire le lundi 17 mars a ravivé les tensions politiques, notamment avec l’absence de figures majeures telles que Laurent Gbagbo, Guillaume Soro et Charles Blé Goudé. Cette décision, loin d’être anodine, suscite des interrogations profondes sur la démocratie ivoirienne, le jeu électoral et le risque d’une montée des tensions à l’approche des élections locales et présidentielle de 2025.
Une ‘’exclusion’’ aux motivations politiques ?
Laurent Gbagbo, ancien président, demeure une figure emblématique pour une frange importante de la population. Son absence de la liste électorale, justifiée par sa condamnation dans l’affaire dite du "braquage de la BCEAO", est perçue par ses partisans comme une manœuvre politique visant à l’écarter du processus électoral. Un braquage qui jusque-là, n’a jamais été dénoncée par l’institution bancaire elle-même, sans oublier que les auteurs présumés de ce ‘’braquage’’ que sont Justin Koné katina, Aké Ngbo et Désiré Dallo bénéficient de l’amnistie du cjef de l’Etat mais seul Laurent Gbagbo, jugé co-auteur ne bénéficie pas de cette amnistie. Des raisons qui poussent ses partisans à croire à une condamnation politique pour l’écarter du jeu électoral. 
Guillaume Soro, ancien Premier ministre et ex-président de l’Assemblée nationale, est quant à lui exilé et sous le coup d’une condamnation pour atteinte à la sûreté de l’État. Son exclusion était prévisible, mais elle confirme une volonté de l’écarter définitivement du paysage politique ivoirien.
Enfin, Charles Blé Goudé, acquitté par la CPI, a pourtant vu son retour au pays marqué par des restrictions. Son éviction de la liste électorale semble prolonger son exclusion politique, malgré ses appels à la réconciliation.
Des conséquences politiques et sociales préoccupantes
L’exclusion de ces poids lourds de la scène politique ivoirienne a des implications majeures. Tout d’abord, elle alimente le sentiment d’injustice et de marginalisation chez leurs partisans. Le FPI de Gbagbo, ainsi que les partisans de Soro et Blé Goudé, dénoncent une instrumentalisation de la justice à des fins politiques. Cette perception risque d’exacerber les tensions et de fragiliser le processus démocratique.
Ensuite, cette situation pourrait accentuer la fracture sociale. La Côte d'Ivoire sort d’une décennie marquée par des crises politiques majeures, et la réconciliation nationale, tant prônée par le pouvoir, semble mise à mal par ces exclusions. Le risque est que les frustrations accumulées se transforment en manifestations ou en violences, comme cela a été le cas en 2020 lors de la crise préélectorale.
Enfin, sur le plan diplomatique, cette situation pourrait ternir l’image du pays. La communauté internationale, qui avait salué les progrès en matière de stabilité, pourrait voir d’un mauvais œil ces exclusions, les assimilant à une volonté de verrouillage du jeu démocratique.
Un risque d’embrasement à ne pas sous-estimer
L’histoire récente de la Côte d’Ivoire nous enseigne que l’exclusion politique et l’injustice perçue sont des facteurs déclencheurs de crises. L’élection présidentielle de 2025, qui s’annonce déjà tendue, pourrait être marquée par une radicalisation des acteurs politiques.
Face à cela, le gouvernement doit prendre conscience des risques et ouvrir des discussions avec l’opposition pour éviter un embrasement. La Commission Électorale Indépendante (CEI) doit également jouer pleinement son rôle d’arbitre impartial pour restaurer la confiance dans le processus électoral.
L’avenir politique de la Côte d’Ivoire repose sur un choix crucial : soit poursuivre sur la voie d’une démocratie inclusive, soit s’enfermer dans une logique d’exclusion qui, à terme, pourrait conduire à une nouvelle crise.
Texte : SACRE Abel