La radio La Voix de la diaspora et l'Agence presse radio et audio (APRA), ont participé à la deuxième édition de la caravane de la presse organisée par l'Union des Journalistes pour la Promotion des Action de développement du Gouvernement de Côte D'ivoire (UJPAG-CI) Cet événement a permis de découvrir les célèbres ponts de lianes lors de la septième édition du festival Dan "Tonkpi Nihidaley". Le festival s'est tenu du 18 au 22 décembre 2024 à Man dans la région du Tonkpi, en Côte d’Ivoire.

Ce reportage de nos équipes explore l'héritage vivant des Yacouba, à travers la tradition fascinante de la construction de ces ponts suspendus.

Dans la forêt sacrée de Ouyatouo, située dans le département de Zouan-Hounien, à l'ouest, la tradition se transmet de génération en génération. Un peuple, les ‘’Yacouba’’, issu du groupe ethnique ‘’Dan’’, a l'art de construire d'imposants ponts en lianes, tels celui qui enjambe le fleuve Cavally.

Chaque jour, de nombreux passants traversent ce pont suspendu, regagnant leur domicile après une journée de travail, les têtes chargées de manioc, de bois ou autres provisions. Ce pont revêt une importance capitale pour les habitants des villages environnants, étant un lien vital entre eux tel qu'expliqué par Micheline Tia

Depuis tout-petits, les Yacouba exécutent avec maestria cet exploit d'équilibriste sur le pont de lianes, suspendu à six mètres au-dessus de l'eau. Ils en maîtrisent parfaitement chaque recoin et chaque particularité, conscients des règles strictes à observer avant de s'y aventurer. Le guide Gueu Yves donne des précisions.

Le guide revient sur la technique à employer pour la traversée.

À l'entendre, le pont est d'une solidité remarquable, n'ayant jamais été le théâtre d'un accident. Il aurait, de surcroît, contribué à prévenir de nombreuses noyades.

Ici, les Yacouba mènent une existence tranquille et sobre, consacrée au commerce de proximité, à l'agriculture et à la pêche.

Pour ces populations, ce qui prime avant tout, c'est la nature, et les ponts de lianes sont perçus comme des dons divins.

Dans ce village de Ouyatouo, seuls quelques élus ont la possibilité de construire ou de restaurer les ponts de lianes, et on les désigne sous l’appellation "les initiés". Chaque année, ils sont envoyés au cœur de la forêt afin de récolter les lianes nécessaires.

Tout débute par des chants et danses.

Cette cérémonie, célébrée dans la forêt sacrée, a pour vocation d'éloigner les mauvais esprits.

C'est avec ce type de ‘’liane’’ qu'ils construiraient les ponts, mais il est impossible d'en apprendre davantage, car depuis des temps immémoriaux, la méthode reste strictement secrète. Il est donc inconcevable d'en savoir plus.

 La légende rapporte que les initiés érigeaient le pont de liane en une seule nuit, assistés par une araignée sacrée qui tissait les lianes à la manière d'une toile gigantesque.

Aujourd'hui, bien que la tradition des Yacouba soit toujours observée, elle est cependant confrontée à l'inexorable avancée de la modernité. À quelques mètres de là, un pont en béton a été édifié juste à quelques millimètres presque de celui des lianes, ce qui suscite un léger pincement au cœur parmi les anciens.

À ce jour, il subsiste moins d'une dizaine de ces ponts sacrés dans la région du Tonkpi. Bien que l'État de Côte d'Ivoire, par l'intermédiaire du ministère du Tourisme et des Loisirs, investisse des sommes considérables dans le cadre du projet "Sublime Côte d'Ivoire" pour promouvoir le tourisme ivoirien, la préservation et le secret des ponts de lianes restent, selon la tradition, la responsabilité des futures générations de Yacouba, désormais investies de la mission de protéger ce patrimoine ancestral.

Texte et voix : Silvere BOSSIEI