Et si, plutôt que de détruire les cellules cancéreuses, on pouvait simplement les "rééduquer" ? C’est le pari audacieux d’une équipe de chercheurs du Korea Advanced Institute of Science and Technology (KAIST), l’une des plus prestigieuses universités sud-coréennes, basée à Daejeon. Leur découverte, dévoilée le 4 novembre 2025, suscite déjà un immense espoir : la mise au point d’un commutateur moléculaire capable de ramener les cellules cancéreuses à un état sain.

Contrairement à la chimiothérapie, qui élimine indistinctement les cellules malades et saines, cette nouvelle approche repose sur la reprogrammation cellulaire. Les chercheurs ont réussi à modifier le code génétique des cellules altérées, réactivant certains gènes et protéines « endormis » pour restaurer leur fonctionnement normal. Résultat : les cellules, au lieu de proliférer anarchiquement, retrouvent leur rôle initial au sein de l’organisme.

Selon le professeur Kwang-Hyun Cho, directeur du projet, il s’agit d’une « première mondiale » : son équipe a identifié un moment critique de bascule, juste avant qu’une cellule normale ne devienne irréversiblement cancéreuse. En intervenant à cet instant précis, le commutateur moléculaire inverse le processus et empêche la mutation.

Les avantages annoncés sont considérables : Moins de toxicité, car les tissus sains ne sont pas affectés. Médecine personnalisée, adaptée à la signature génétique de chaque patient. Risque de rechute réduit, le corps apprenant à nouveau à reconnaître et corriger ses anomalies.

Cette recherche, soutenue par la Fondation nationale pour la recherche de Corée du Sud et publiée dans la revue Advanced Science, pourrait marquer un tournant majeur en oncologie. Plutôt que de « combattre » le cancer, il s’agirait désormais de restaurer la mémoire biologique du corps, en lui rappelant comment rester en bonne santé. Une perspective qui transforme la guérison en véritable renaissance.

Texte et récit : Marie-Paule N’GUESSAN