La société sud-africaine Biovac, installée au Cap, a franchi une étape décisive en obtenant l’approbation de l’Autorité sud-africaine de réglementation des produits de santé (SAHPRA) pour entamer les essais cliniques de son vaccin oral contre le choléra. C’est une première en Afrique depuis plus de cinquante ans : un vaccin entièrement conçu, développé et produit sur le continent. Cette réussite pourrait faire de l’Afrique du Sud le seul pays africain à maîtriser l’ensemble du processus de fabrication d’un vaccin, depuis la recherche sur les souches bactériennes jusqu’à la production finale. Jusqu’ici, la plupart des vaccins dits « africains » étaient seulement conditionnés localement à partir de substances importées.

Le projet bénéficie du soutien de la Fondation Bill & Melinda Gates, d’Open Philanthropy, du Wellcome Trust et de la Fondation ELMA. Il s’inscrit dans la dynamique continentale visant à renforcer l’indépendance vaccinale de l’Afrique, avec pour objectif de produire 60 % des vaccins nécessaires d’ici 2030, contre moins de 1 % à ce jour. La première phase de l’essai, lancée en octobre 2025 à l’Université du Witwatersrand, porte sur la tolérance du vaccin chez des volontaires adultes avant d’être étendue à d’autres populations. Les essais suivants se dérouleront à Johannesburg, Durban et East London, où le nouveau vaccin sera comparé à l’Euvichol Plus, fabriqué par la société sud-coréenne EuBiologics et approuvé par l’Organisation mondiale de la santé (OMS).

Pour la professeure Glenda Gray, directrice scientifique du Conseil sud- africain de la recherche médicale (SAMRC), cette avancée marque « un tournant historique » dans la capacité du continent à assurer sa propre sécurité sanitaire. Elle souligne qu’au-delà de la lutte contre le choléra, ce projet renforce la place de l’Afrique dans la production mondiale de vaccins. Si les essais confirment son efficacité et son innocuité, ce vaccin oral pourrait être mis sur le marché dès 2028, apportant une réponse concrète à une maladie qui touche chaque année près de quatre millions de personnes et cause jusqu’à 143 000 décès, selon l’OMS.

Texte : La plume de la Bagoué

Récit : Marie-Paule N’GUESSAN