Tourisme et Loisir : à la découverte de Kofré, le village mystérieux, là où les silures parlent aux âmes

Tourisme et Loisir : à la découverte de Kofré, le village mystérieux, là où les silures parlent aux âmes
Un documentaire de Agence Presse Radio
Là où les pistes rouges s’éloignent de Kouto, dans le nord ivoirien ancestral, se niche un village à l’aura mystérieuse
Un documentaire de
Agence Presse Radio
Mise en ligne
16 Avril 2025
Réalisation
Agence Presse Radio
Mise en onde & mix
Agence Presse Radio
Illustration
Agence Presse Radio
Production
Agence Presse Radio
Là où les pistes rouges s’éloignent de Kouto, dans le nord ivoirien ancestral, se niche un village à l’aura mystérieuse : Kofré. Perdu au milieu de la savane, ce hameau tranquille abrite une curiosité à la fois naturelle et spirituelle. Une mare sacrée peuplée de silures, poissons-chats considérés ici comme des entités mystiques. Loin d’être une simple étendue d’eau, ce site est un véritable sanctuaire, témoin d’une tradition vivante et profondément enracinée dans la culture locale du peuple sénoufo.
Ces silures sacrés ne sont pas de simples créatures aquatiques, ils sont perçus comme des esprits protecteurs, gardiens invisibles du village. Les capturer relèverait d’un blasphème impensable, un acte que nul ici n’oserait envisager.
À Kofré, les silures sacrés sont vénérés comme des messagers spirituels, capables d’entendre les prières et de manifester l’approbation divine par leur apparition.
Dans la forêt perdue au fin fond de Kofré, Assis au pied d’un arbre, vêtu d’une tenue traditionnelle couverte du sang d’animaux offerts en sacrifice aux silures sacrés par les visiteurs, Tougounon Coulibaly, garant du sanctuaire, veille. Son regard perçant scrute l’eau comme s’il y lisait l’avenir
Chaque pas vers la mare est un pas vers le sacré. Avant d’y pénétrer, il faut se déchausser, comme on le ferait en entrant dans un temple. Là, dans un silence presque irréel, des femmes drapées de blanc, le corps orné de fétiches – ces amulettes appelées localement ‘’gris-gris’’ – vous accueillent, figées dans une présence à la fois paisible et mystérieuse.
Chaque jour, des visiteurs venus de tout le pays – voire d’au-delà – se rendent à Kofré pour rencontrer le maître spirituel du site. Ce dernier, dépositaire des savoirs ancestraux, reçoit les fidèles dans un rituel empreint de respect. Les demandes varient : santé, fécondité, succès, protection… Toutes sont confiées à l’eau, portées par la foi et l’espoir.
Le rituel débute par une purification, suivie d’offrandes disposées au bord de la mare. Le maître spirituel invoque les silures dans un langage codé, ponctué de gestes rituels. S’ils apparaissent, c’est que la demande a été entendue. Ce moment, souvent chargé d’émotion, renforce le lien sacré entre l’homme, la nature et le spirituel.
Pour Nimlin Pouo Sahé, directeur départemental du Tourisme et des Loisirs, ce lieu est bien plus qu’un patrimoine culturel.
On l’écoute
Kofré, à travers ce sanctuaire vivant, perpétue une tradition où la spiritualité ne se lit pas seulement dans les textes, mais se vit dans les gestes, les regards et le silence de l’eau. Ce lieu unique attire autant les fidèles en quête de réponses, que les chercheurs et passionnés de cultures africaines, fascinés par cette symbiose entre mythe et réalité.
Au sanctuaire vivant de Kofré, là où l’eau porte les prières jusqu’aux ancêtres, le temps semble suspendu. Ici, chaque murmure, chaque offrande, chaque frémissement de l’eau raconte une histoire millénaire où l’espoir prend la forme d’un poisson sacré.
Pour les dépositaires de la tradition sénoufo, à Kofré, on ne vient pas pour voir, on vient pour croire
Texte et récit : Silvere BOSSIEI
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