John Fru Ndi, l’opposant historique du Cameroun est décédé le 12 juin 2023 à Yaoundé des suites d'une longue maladie.

Il était l’opposant historique de Paul Biya. Trois fois candidat malheureux à l’élection présidentielle, John Fru Ndi, 81 ans, aura tenté, sans succès, de s’imposer face à l’inamovible président du Cameroun, au pouvoir depuis 40 ans. Le président du Social Democratic Front (SDF), est mort dans la nuit de lundi 12 juin à mardi 13 à Yaoundé, la capitale du pays, a annoncé Joshua Osih, le premier vice-président du parti dans un communiqué.

Les Ivoiriens et surtout les militants et sympathisants du Parti des peuples africains-Côte d’Ivoire(PPA-CI) s’en souviendront encore longtemps, car cet homme était à la fête de la Renaissance du PPA-CI du 30 au 31 mars 2023 à Yopougon et au Palais de la culture de Treichville. S’exprimant en anglais, il dira à cette occasion « si vous les Ivoiriens ne voulez pas de Laurent Gbagbo, je le prends et me retourne au Cameroun avec lui… ». Les dernières paroles que les Ivoiriens auront retenues de John Fru Ndi.

Ceux qui suivent la politique au pays de Paul Biya savent que « L’histoire du retour à la politique multipartite au Cameroun ne saurait s’écrire sans le nom en lettres d’or de Fru Ndi… »

Ancien libraire né en 1941 à Bamenda, dans le Nord-Ouest anglophone, la carrière politique de John Fru Ndi est étroitement liée au retour du multipartisme au Cameroun, alors dominé par un parti unique, le Rassemblement démocratique du peuple camerounais (RDPC, au pouvoir).

Parmi la pléthore de citations à lui attribuées, nous retenons celle-ci « Que ceux qui nous gouvernent l’acceptent ou pas, nous croyons fermement, comme l’ont fait et affirmé beaucoup d’autres avant nous, que l’essence même de la démocratie c’est la gestion des affaires de la cité par les peuples concernés eux-mêmes ».

Malgré ces prises de position, John Fru Ndi a été perçu comme un « traître » par les sécessionnistes.

Autre chose à retenir de cet opposant, en 1992, lors de la toute première élection présidentielle pluraliste du Cameroun, John Fru Ndi en deuxième position avec 36 %, derrière Paul Biya (40 %), au pouvoir depuis 1982. Invoquant de nombreuses fraudes en sa défaveur, il se déclare élu, mais Paul Biya, avec l'aval de la Cour suprême et le soutien de la France, se déclare vainqueur et le fait mettre en résidence surveillée à domicile pendant plusieurs mois, au Ntarikon Palace, à Bamenda.

Adieu Fru, le Cameroun et l’Afrique des libertés te reconnait et t’accorde la paternité du retour au multipartisme dans ton pays !

Texte : SACRE Abel

Voix : Clara TOHOURI