Culture : Didi B, l’architecte d’un empire urbain entre nouvel album et concert historique
Il marche avec calme, parle avec assurance, mais dans son regard, c’est l’orage d’une ambition vast
Il marche avec calme, parle avec assurance, mais dans son regard, c’est l’orage d’une ambition vaste. Didi B, de son nom à l’état civil Bassa Zéréhoué Diyilem, n’a que 33 ans et déjà l’allure d’un monument de la scène musicale.
À Abidjan comme ailleurs, son nom dépasse le cercle des fans de rap. Il est devenu symbole — symbole d’un mouvement culturel et musical, mais aussi d’une jeunesse créative, connectée, décomplexée. Celle qui veut écrire l’Afrique contemporaine, micro en main et esprit grand ouvert.
En ce mois de mai, l’artiste ivoirien s’apprête à franchir l’un des plus grands caps de sa carrière. Le 3 mai prochain, il investira le mythique Stade Félix Houphouët-Boigny, « le Félicia », pour un concert annoncé comme historique.
Et dans les baffles des rues d’Abidjan résonne déjà son tout nouveau projet : DIYILEM & BAZARHOFF : GENIUS, un double album qui en dit long sur l’homme derrière les punchlines.
Un artiste en pleine maîtrise
Il choisit DIYILEM, son prénom, pour incarner la partie la plus introspective du projet. Celle où Didi B pose son regard sur son parcours, son identité, son art. Il s’y dévoile en pleine lumière, sans masque.
Puis vient BAZARHOFF, la face plus rugueuse, plus libre. Ici, le rap reprend ses droits, avec ses colères, ses jeux de mots ciselés, ses beats tranchants. Deux volets d’un même esprit, deux angles pour raconter une même vision : celle d’un artiste total, qui a appris à se penser lui-même comme une œuvre.
Héritier et bâtisseur
Né au sein d’une famille de musiciens, Didi B n’a jamais considéré la musique comme un simple divertissement. Pour lui, c’est un langage, une forme de résistance et un outil d’élévation. Il fait ses classes avec le groupe Kiff No Beat, puis s’envole en solo, traçant une trajectoire singulière. Chaque étape est pensée, chaque projet mûri. Rien n’est laissé au hasard.
Son ouverture au monde, il la revendique. Fan de la scène nigériane, adepte des croisements de styles, Didi B s’est nourri des grandes capitales musicales du continent. Ce modèle, il l’africanise, le francophonise, le personnalise.
Le concert d’une vie
Remplir le Félicia, c’est plus qu’un rêve d’enfant. C’est un acte culturel. Rares sont les artistes urbains à avoir osé viser aussi haut. Didi B, lui, veut repousser les limites.
On l’écoute à ce propos :
Rêves mondiaux, racines solides
Derrière les strass du spectacle se cache une volonté farouche : celle d’un jeune homme — Didi B — qui croit profondément en la trajectoire qu’il écrit, pas à pas. Son charisme, sa maîtrise de l’image, son flair musical, tout en lui rappelle que les grandes carrières ne sont jamais des accidents. Elles sont le fruit d’un mélange rare : du talent, de la stratégie, du travail — et une fidélité inébranlable à ses origines.
Didi B ne passe pas, il s’installe.
Et s’il est « là », comme le dit DIYILEM, c’est pour durer, transformer, inspirer. La scène urbaine ivoirienne a trouvé son porte-voix. Et c’est bien le monde entier qui commence à tendre l’oreille.
Texte et récit : Silvere BOSSIEI
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